Actualités 16 octobre 2018

Les vers de terre, véritables alliés des agriculteurs

« Les vers de terre ne sont pratiquement pas tuables, dit en riant Joann Whalen, professeure et chercheuse au Département des sciences des ressources naturelles à l’Université McGill. Et c’est bien ainsi! » Ce sont de précieux alliés pour les agriculteurs. On savait déjà qu’en creusant leurs tunnels, ils labourent et aèrent le sol. Les travaux de cette agronome révèlent que les vers de terre sont, en plus, d’excellents indicateurs de la porosité d’un sol avec leur réseau de minigaleries jouant le rôle d’un système de drainage naturel.

« Il faut favoriser la présence des vers de terre dans les champs », affirme-t-elle. Comment? En ajoutant de la matière organique dont ces petites bêtes sont particulièrement friands et en limitant autant que possible le travail de compaction du sol. « C’est la seule chose qui nuit aux vers de terre, car la machinerie peut détruire et bloquer les galeries qu’ils creusent. » 

Impact des vers de terre

Alors qu’elle travaillait à peaufiner des modèles de gestion de l’eau et des nutriments dans différents champs du sud du Québec, la chercheuse s’est aperçue de l’impact des vers de terre sur le cycle de l’eau.

« En laboratoire, nous avons arrosé des échantillons de sol avec de l’eau colorée afin de suivre et de quantifier le transport de l’eau et des nutriments dans les champs, raconte-t-elle. C’est alors que nous avons constaté que les galeries creusées par les vers de terre facilitaient le drainage et ralentissaient le ruissellement des nutriments à la surface des sols argileux. » Inversement, dans les champs où ils étaient absents ou presque, l’eau s’infiltrait moins bien et la perte de nutriments par ruissellement s’accentuait.

Ce constat est particulièrement intéressant, car les sols argileux représentent un véritable défi pour les producteurs au retour du printemps : gorgés d’eau, ils sont difficiles à travailler. Plusieurs recourent donc à un système de drainage artificiel pour sortir le trop-plein d’eau. Le hic, c’est qu’une bonne partie de l’engrais épandu est également évacué par le drain agricole, se retrouvant souvent dans les cours d’eau environnants où certains éléments, comme le phosphore, contribuent à la formation excessive d’algues.

La chercheuse suggère donc aux producteurs de laisser un lopin de terre non cultivé entre le champ et le drain agricole. Cette zone tampon captera une partie des nutriments évacués.
Et pour s’assurer d’avoir une terre bien enrichie et mieux drainée, pourquoi ne pas encourager la présence des
vers de terre? 

Du fumier de vers de terre

Les déjections des vers de terre sont de véritables engrais naturels contenant 5 fois plus d’azote, 7 fois plus de phosphore et 11 fois plus de potassium qu’un sol fertile normal.

Nathalie Kinnard, Agence Science-Presse