Actualités 28 août 2014

Rareté de la main-d’œuvre et réforme de l’assurance-emploi

8cceaeb66c7ec2dea13ae0a3e4ffe099

« La rareté de la main-d’œuvre constitue l’une de nos préoccupations en agriculture », affirmait Robert Ouellet, CRIA et coordonnateur à l’emploi agricole chez AGRIcarrières, lors du Colloque d’AGRIcarrières en février dernier.

« La rareté, c’est lorsqu’on cherche un candidat pendant plusieurs jours et qu’on n’en trouve pas, c’est un employé qui n’est pas rentré un matin et dont les tâches vont devoir être effectuées par l’employeur et vont, en fin de compte, créer une surcharge de travail », décrivait-il.

Avec la réforme de l’assurance-emploi, on craint un mouvement des emplois saisonniers vers des postes à temps complet. Selon les statistiques de 2007 du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), il y aurait 39 000 travailleurs saisonniers, dont 7 000 à 8 000 travailleurs temporaires étrangers. « Il reste donc un bassin de 31 000 travailleurs saisonniers, dont 16 000 reviennent année après année », décortique Robert Ouellet.

Les emplois saisonniers sont donc vitaux pour le secteur agricole et pour sa capacité de continuer à se développer. Pour trouver des pistes de solution, un sondage a été réalisé par AGRIcarrières et l’Union des producteurs agricoles (UPA) en juin dernier; 365 producteurs y ont répondu. Les répondants craignent les impacts de la réforme de l’assurance-emploi pour les années à venir.

En vigueur depuis janvier 2013, les modifications apportées visent les prestataires fréquents comme les travailleurs agricoles saisonniers. Ceux-ci sont tenus d’accepter un emploi avec un salaire correspondant à 70 % du montant qu’ils touchaient auparavant, et ce, dans un rayon de déplacement de moins d’une heure.

Selon les réponses obtenues, en 2013, 21 % des travailleurs saisonniers ne sont pas revenus travailler dans les entreprises. Parmi les raisons évoquées, il y a bien sûr la réforme de l’assurance-emploi, le roulement habituel du secteur et un changement d’orientation de carrière. Certains ont aussi trouvé des emplois à temps plein. La rareté de la main-d’œuvre, croient les répondants, force les employeurs à mettre la main à la pâte et à travailler aux opérations. Certains pensent que cette rareté finira par affecter la rentabilité des entreprises et que les employés en place feront plus d’heures supplémentaires ou seront embauchés pour de plus longues périodes.

Difficile recrutement

De 2012 à 2013, 19 % des employeurs ont eu plus de difficulté à recruter de la main-d’œuvre, tandis que 44 % ont affirmé que la situation était similaire pour les deux années. Les répondants attribuent dans une proportion de 48 % cette difficulté de recrutement à la réforme de l’assurance-emploi; 35 % parce que les travailleurs ont changé de secteur d’emploi, 35 % parce qu’ils auraient trouvé des emplois à l’année et 23 % à cause du roulement habituel.

Les producteurs entrevoient que les difficultés rencontrées lors du recrutement seront plus importantes en 2014, et ce, toujours en raison de la réforme de l’assurance-emploi. Afin d’améliorer la rétention de leurs employés, des répondants vont essayer d’augmenter la durée de l’emploi de quelques semaines, d’effectuer du jumelage avec d’autres entreprises, de convertir des emplois saisonniers en postes à temps plein, de former la main-d’œuvre pour qu’elle assume de nouvelles tâches et de prolonger la durée de l’emploi de quelques mois.

« Il faut continuer et être à la recherche de solutions. Chez AGRIcarrières, on travaille fort avec les centres d’emploi agricole pour attirer de bons candidats et développer des stratégies de rétention. Actuellement, il n’y a que de 5 à 10 % des entreprises qui sont équipées d’un kit de base en ressources humaines. Il faut augmenter ce pourcentage, car c’est la base d’une bonne gestion », affirme Robert Ouellet.