Politique 19 juin 2018

Taxes foncières agricoles : « Assez, c’est assez! » disent les producteurs

SAINT-HYACINTHE — Plus d’une centaine d’agriculteurs étaient réunis mardi devant les bureaux du ministère de l’Agriculture pour scander leur mécontentement devant l’absence de solution durable et équitable au problème des taxes foncières agricoles. Plusieurs manifestants estiment que la rentabilité de leurs fermes est en jeu.

« Nos terres sont taxées sur la valeur marchande, alors qu’ailleurs, elles ne sont pas taxées pantoute ou le sont sur une valeur de productivité qui est toujours inférieure », a résumé Jérémie Letellier, vice-président de la Fédération de l’UPA de la Montérégie, à l’origine d’une des deux manifestations du 19 juin sur la question des taxes municipales.

Le vice-président affirme que la ferme céréalière modèle de la Montérégie payait 7 % de ses revenus nets en taxes foncières en 2011, 11 % en 2016 et que si rien ne change, ce montant s’élèvera à 22 % en 2020. « On parle carrément d’une remise en question de la rentabilité de nos fermes », lance Jérémie Letellier, qui précise que pour les entreprises des autres secteurs de l’économie, les taxes municipales représentent habituellement de 1 % à 2 % du revenu net.

Jérémie Letellier, vice-président de la Fédération de l’UPA de la Montérégie, a déposé une pétition de plus de 1 000 noms au bureau régional du MAPAQ pour réclamer une refonte du PCTFA.
Jérémie Letellier, vice-président de la Fédération de l’UPA de la Montérégie, a déposé une pétition de plus de 1 000 noms au bureau régional du MAPAQ pour réclamer une refonte du PCTFA.

« Pour nous, c’est terminé, il faut que chacun fasse sa part. Il faut que le gouvernement prenne une décision. Il est temps de se réunir avec les municipalités », a commenté Marcel Groleau, président de l’Union des producteurs agricoles (UPA), en entrevue à La Terre peu après son discours. « Tous les deux ou trois ans, il faut monter aux barricades parce qu’on n’arrive pas à améliorer le programme de crédit de taxes foncières agricoles [PCTFA] », a déploré Marcel Groleau devant les producteurs.

Appuis politiques

À la veille de la prochaine campagne électorale, les manifestants ont obtenu l’appui de trois députés de la Coalition avenir Québec (CAQ) et de six du Parti québécois (PQ).

« C’est un programme désuet et qui est devenu un casse-tête pour les producteurs […] Nous sommes là pour exiger une refonte censée du PCTFA », a déclaré Chantal Soucy, députée de la CAQ, qui a rappelé la promesse de son chef au dernier congrès de l’UPA de régler ce problème dès octobre prochain.

« Ça prend un gouvernement qui travaille pour une réforme durable qui va impliquer tout le monde. C’est assez, la farce a assez duré », a lancé Véronique Hivon, vice-cheffe du PQ, qui s’engage au nom de son parti à déplafonner le PCTFA en attendant cette réforme.

Six MRC ont également donné leur appui à la Fédération de l’UPA de la Montérégie dans le dossier de la réforme du PCTFA.

Manifestation de L’Assomption. Crédit : FUPAL.
Manifestation de L’Assomption. Crédit : FUPAL.

Deuxième manifestation dans Lanaudière

Une mobilisation similaire se tenait devant les bureaux du ministère de l’Agriculture à L’Assomption.

« Le gouvernement a dormi au gaz pendant quatre ans. […] Ça fait 14 ans qu’on met un plaster sur le bobo. C’est assez », a déclaré Marcel Papin, président de la Fédération de l’UPA de Lanaudière, la veille de l’événement.