Politique 5 août 2021

Santé Canada recule sur le glyphosate

Devant le mécontentement véhiculé dans l’opinion publique et les doutes soulevés quant à la crédibilité de son système d’homologation des pesticides, le gouvernement du Canada a publié le 4 août un communiqué de presse dans lequel il dit suspendre « toutes les propositions d’augmentation des LMR [limites maximales de résidus] actuellement à l’étude », incluant le glyphosate.

De plus, le fédéral déclare qu’il renforcera la capacité et la transparence du processus d’examen des pesticides.

Inconfort

La ministre fédérale de l’Agriculture, Marie-Claude Bibeau, paraissait visiblement mal à l’aise, en entrevue avec La Terre la semaine dernière, de voir son gouvernement évaluer une demande visant à hausser les limites maximales de résidus de plusieurs pesticides alors que les citoyens et le milieu agricole souhaitent diminuer l’utilisation de pesticides.

Face à la mauvaise presse des derniers jours, le gouvernement du Canada a spécifié le 4 août « qu’aucune augmentation des limites maximales de résidus n’aura lieu avant au moins le printemps 2022 ». Cela signifie que le fédéral se donne quelques mois pour réévaluer le processus de demande d’approbation des pesticides au Canada, de même que certaines dispositions de la Loi sur les produits antiparasitaires.

De surcroît, le gouvernement fédéral a annoncé un investissement de plus de 50 M$  dans son Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) et dans la recherche sur la lutte antiparasitaire d’Agriculture et Agroalimentaire Canada. Le gouvernement espère que cela devrait, entre autres, permettre d’améliorer la production de données indépendantes pour appuyer davantage les décisions d’examen des pesticides.

Homologations conditionnelles

En raison d’un manque de données indépendantes, le fédéral se fait reprocher depuis longtemps de trop baser son évaluation des pesticides sur les données des compagnies de pesticides. Les homologations conditionnelles sont également montrées du doigt. Celles-ci font en sorte que même si les évaluations ne sont pas complétées, les pesticides peuvent être vendus pendant des années.

En 2015, un rapport du Comité sénatorial permanent de l’agriculture et des forêts a demandé à l’ARLA de statuer plus rapidement sur les homologations conditionnelles, citant notamment Julie Gelfand, commissaire à l’environnement et au développement durable, qui confirmait que, selon une vérification menée en 2008, on comptait neuf pesticides homologués conditionnellement pour une période de 10 à 20 ans.