Politique 3 septembre 2014

Meilleure chance la prochaine fois!

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QUÉBEC – Le budget Marceau ne passera pas à l’histoire pour l’originalité et la vigueur des mesures touchant l’agriculture et la forêt.

Une semaine après le dépôt du budget fédéral « sans saveur agricole », le ministre des Finances, Nicolas Marceau, n’a guère fait mieux sur ce terrain.

À vrai dire, le ministre des Finances s’est fait plutôt silencieux sur ces deux enjeux économiques.

Même que le mot « agricole » n’y apparaît qu’à quatre reprises, comme a pu le découvrir la Terre en épluchant le volumineux document intitulé « Maîtres et prospères chez nous ».

« L’agriculture est un grand oublié dans ce budget, a commenté le chef libéral Philippe Couillard, lors d’un point de presse. On n’aborde pas le problème de la relève agricole et je ne vois pas le mot forêt, alors que des milliers d’emplois sont en danger au Lac-Saint-Jean ».

Il a ajouté : « Le gouvernement se traine les pieds. Il y a 3 000 jobs en jeu dans cette région. Plusieurs scieries et 1 million de mètres cubes de bois sont menacés. »

Il faut toutefois rappeler que le gouvernement a prévu consacrer un budget de 10 M$ dans un fonds de soutien à la biomasse forestière résiduelle, dans le cadre du budget 2014-2015.

Pour ce faire, le gouvernement entend demander la collaboration de Fondaction CSN et de la Fédération québécoise des coopératives forestières (FQCF) pour mettre sur pied un fonds « dont la capitalisation minimale sera de 20 M$ ».

Des élections?

Il ne fait aucun doute, selon le chef de l’Opposition, que ce budget de 72,3 milliards (G)$ donne le coup d’envoi en vue du déclenchement des élections.

« Vous venez d’assister au lancement de la campagne électorale, a-t-il tonné. On n’aura même pas l’occasion de voter sur ce budget ».

Le scénario d’un scrutin qui aurait lieu le 14 avril est une thèse accréditée par plusieurs observateurs de la scène politique.

Questionné par la Terre, son collègue Pierre Paradis dit avoir constaté, lui aussi, que l’agriculture et l’aide à la forêt semblent avoir été évacuées au cours de cet exercice prévisionnel.

« J’ai fait la même lecture, a-t-il observé. Ça ne semble pas être une priorité pour le gouvernement. »

Le député de Brome-Missisquoi déplore notamment que des entreprises de distribution alimentaire « soient éliminées du système » et que la Politique de souveraineté alimentaire ne semble pas avoir réglé ce problème.

Et les régions?

Même déception exprimée par le nouveau président de la Fédération québécoise des municipalités (FQM), Richard Lehoux. « Ce budget ne passera pas à l’histoire », a-t-il confié à la Terre.

Il a ajouté : « On y retrouve peu de choses pour les régions. Que ce soit le pacte fiscal ou la voirie locale. Par exemple, il y a là-dedans très peu d’éléments pour permettre aux villages d’avoir accès à l’Internet haute vitesse ».

Le nouveau président de la Fédération, lui-même producteur laitier et maire de Saint-Elzéar, dans la Beauce, a le sentiment que le milieu agricole a été « oublié » et que le secteur rural a été « laissé pour compte ».

Ce n’est évidemment pas l’opinion de l’architecte du budget. Pressé de questions par les journalistes, le ministre des Finances considère plutôt qu’il a rédigé « le budget d’un gouvernement en action ».

« C’est un budget responsable, a-t-il répété. L’idée de le vendre ne me posera pas de problème ».

Il a toutefois eu à s’expliquer sur les raisons qui ont incité le gouvernement à déposer un budget sans les crédits de prévisions budgétaires de ses divers ministères, rendant impossible de savoir combien les ministères, notamment celui de l’Agriculture (MAPAQ), se verront octroyer au cours du prochain exercice financier.

Et quelle sera la marge de manœuvre de La Financière agricole du Québec (FADQ) pour continuer d’accompagner les producteurs, qui comptent sur son soutien pour stabiliser leurs revenus.