Politique 11 avril 2018

Maxime Bernier contredit le Parti conservateur

Le député de Beauce, Maxime Bernier, contredit publiquement la position de son parti sur la gestion de l’offre en agriculture et affirme que certains nouveaux membres producteurs sont de « faux conservateurs » et que c’est eux qui sont derrière la victoire de son rival Andrew Scheer.

« La position de M. Scheer n’a pas changé; il continuera de soutenir la gestion de l’offre » est le seul commentaire du cabinet d’Andrew Scheer sur la sortie du député beauceron.

« M. Bernier est égal à lui-même. C’est sa rhétorique de radoter toujours la même chose. La situation aux États-Unis est catastrophique et il y a des producteurs qui sont obligés de jeter leur lait. Est-ce que c’est ça qu’on veut ici? J’aimerais ça que M. Bernier me réponde », a réagi le président des Producteurs de lait du Québec, Bruno Letendre, en marge de l’assemblée annuelle de son organisation.

L’appellation de faux conservateur a fait bondir un agriculteur concerné de près. « On est plus conservateurs que Maxime parce qu’on défend les régions », lance Jacques Roy, producteur de lait et instigateur du groupe Facebook Les amis de la gestion de l’offre et des régions. Ce groupe a été au cœur du mouvement pro-Scheer et anti-Bernier de la course à la chefferie.

« Je suis encore dans le Parti conservateur du Canada et j’ai plusieurs amis qui ont repris leur carte », ajoute Jacques Roy. Le producteur fait remarquer que Maxime Bernier « devrait cesser de chercher des coupables » puisqu’il a perdu malgré l’appui de Kevin O’Leary et de groupes pro-Bernier en Ontario.

« Maxime Bernier est grassement payé pour défendre son comté, qui compte des agriculteurs et des intervenants du secteur laitier », ajoute Jacques Roy, visiblement excédé de la position de Bernier, et qui se demande ce qui peut bien motiver son acharnement contre la gestion de l’offre au-delà de son accointance avec l’Institut économique de Montréal ou de son libertarisme.

Un parti divisé

« On connaît la position de Maxime depuis longtemps et, malheureusement, il l’a répétée », a mentionné Luc Berthold, porte-parole en agriculture du Parti conservateur du Canada et député de Mégantic-L’Érable.

Luc Berthold estime que cette position contre la gestion de l’offre est l’« une des raisons pour lesquelles il [Bernier] a perdu » la course à la chefferie. Il ajoute que seule une « poignée de députés » soutenait Maxime Bernier pendant la course et que tous les autres candidats à la chefferie n’étaient pas d’accord avec lui sur la gestion de l’offre.

Le porte-parole agricole souligne par ailleurs que tous les candidats ont vendu de nouvelles cartes de membre et qu’on ne sait pas encore quel sera leur taux de renouvellement puisque celles-ci seront échues en mai prochain.

Le député ne se prononce pas sur l’exclusion éventuelle de Maxime Bernier du caucus conservateur. « Je laisse ça au leadership », a répondu Luc Berthold. Il laisse entendre qu’une décision pourrait être rendue à partir du 16 avril lors du retour des députés à la Chambre des communes.

Bernier persiste et signe

Maxime Bernier a publié un chapitre de son nouveau livre à venir et qui porte sur la gestion de l’offre. Il souhaite que le Canada cède à la demande américaine de démantèlement de la gestion de l’offre. « Il est important que les Canadiens comprennent qu’il est dans l’intérêt de tous que la gestion de l’offre soit démantelée dans le cadre d’un traité renouvelé de l’Accord de libre-échange nord-américain. Et ils devraient être conscients du rôle qu’a joué Maxime Bernier pour amener cette question à l’avant-scène », explique l’éditeur du livre de Maxime Bernier, Dean Baxendale. Maxime Bernier n’avait pas répondu aux questions de La Terre au moment de publier.

Avec la collaboration de Julie Mercier.