Politique 5 novembre 2020

L’UPA envisage de changer de nom pour mieux représenter les femmes

Afin d’accroître le nombre de femmes qui s’impliquent au sein de l’Union des producteurs agricoles (UPA), le président Marcel Groleau souhaite que l’organisation change de nom et devienne l’Union des producteurs et productrices agricoles. Il a fait cette déclaration le 21 octobre dernier lors de l’assemblée générale annuelle de la Fédération de l’UPA du Saguenay–Lac-Saint-Jean. L’UPA pourrait ainsi devenir l’UPPA.

« On cherche avec la fédération des Agricultrices du Québec et les autres instances comment on pourrait être plus attractifs auprès des femmes. Nous avons créé la table de la mixité et de la relève. […] On priorise un plan d’action », a dit M. Groleau, en entrevue à La Terre. Il mentionne que les conseils d’administration de l’UPA et ceux de ses groupes affiliés comprennent seulement 15 à 18 % de femmes, une proportion qu’il aimerait doubler à court terme. Il ajoute que le gouvernement et plusieurs entreprises prennent les moyens d’atteindre la parité homme-femme. « L’UPA n’est que dans le même courant social. On ne fait pas exception. Et la jeune génération veut une organisation qui répond à ses attentes », soutient-il.

Pas évident de changer de nom

L’UPA est un nom connu au Québec. Le changer n’est pas une mince affaire. De plus, cela implique de refaire les logos et toutes les enseignes à travers la province, etc. Sans le chiffrer, il s’agit d’un investissement substantiel, reconnaît M. Groleau. La Terre lui fait remarquer que des agriculteurs plus conservateurs seront sûrement en désaccord avec ce changement de nom. « Tout changement heurte certaines personnes. Mais on s’y fait. Il faut l’expliquer. […] Les espèces qui ne changent pas finissent par disparaître. C’est l’évolution », répond M. Groleau.

Il précise cependant que le changement de nom n’est pas chose faite, en ce sens que ses membres n’ont pas encore voté de proposition formelle sur le sujet. 

Changer les mentalités avant le nom

Michèle Lalancette
Michèle Lalancette

Une agricultrice du Saguenay–Lac-Saint-Jean, Josée Gagné, a salué le concept de changement de nom évoqué par Marcel Groleau, mais elle a surpris les participants de cette assemblée présentée par vidéoconférence en demandant au président de l’Union des producteurs agricoles (UPA) d’arrêter de dire qu’il fallait adapter l’horaire des réunions syndicales afin de mieux accommoder les femmes. D’une part, elle croit que les femmes ne doivent pas être traitées différemment. D’autre part, cela l’insulte d’entendre que les femmes ne peuvent pas assister aux réunions, car elles sont trop occupées le soir à prendre soin des enfants et à préparer les repas.

Sa consœur Michèle Lalancette a par la suite indiqué à La Terre que l’important n’est pas tant de changer le nom de l’UPA, mais de changer les mentalités. Elle dit que les femmes sont toujours bien accueillies, mais elle remarque une différence entre les générations face à la réelle place que les hommes laissent aux femmes en agriculture. « Avec la nouvelle génération, on travaille d’égal à égal, main dans la main. Dans nos différences, on retrouve une complémentarité qui fait avancer les choses de façon constructive et efficace », affirme celle qui a été présidente de la Fédération de la relève agricole du Québec et qui s’implique notamment dans le secteur du lait biologique.