Politique 18 septembre 2019

Les fabricants de pesticides ne seront pas entendus

Les manufacturiers de pesticides et CropLife Canada, l’organisme qui les représente, ne comprennent pas pourquoi les responsables de la commission parlementaire ne les ont pas invités aux audiences qui se tiendront à compter du 23 septembre. « On est très déçus. Le Québec met en place une commission parlementaire sur les pesticides, mais n’invite pas ceux qui les développent et qui peuvent faire part de la science derrière les pesticides. C’est une lacune très importante pour une telle démarche », dénonce le président de Croplife Canada, Pierre Petelle.

Ce dernier ne mâche pas ses mots. « Le nombre de groupes de pression qui ont une approche antipesticides ou même antiagriculture est surreprésenté à cette commission. Même les scientifiques universitaires choisis par Québec ont pour la plupart des positions très claires contre l’industrie des pesticides. Honnêtement, je n’ai jamais vu une liste d’intervenants aussi biaisée », affirme M. Petelle, qui, au moment de mettre le journal sous presse, poursuivait ses efforts afin d’obtenir une invitation de dernière minute. 

La CAPERN se défend

Questionné sur la faible représentation de l’industrie des pesticides parmi les participants qui seront auditionnés, le président de la Commission de l’agriculture, des pêcheries, de l’énergie et des ressources naturelles (CAPERN), Mathieu Lemay, insiste pour dire que chacun des 76 mémoires qui ont été remis au comité sera considéré lors de la rédaction du rapport final. « On avait une panoplie de choix, rappelle le député caquiste de Masson. On est finalement allés avec ce qui nous semblait le plus intéressant pour nous aider à remplir notre mandat. » Il précise que certains mémoires s’avéraient déjà complets et ne requéraient pas qu’on invite leurs auteurs pour les questionner davantage.

Un total de 26 associations, regroupements ou individus seront entendus à l’Assemblée nationale lors des auditions. Chaque intervenant ira d’une présentation de 10 minutes pour résumer son mémoire, puis affrontera un barrage de questions des 13 députés de la CAPERN durant une trentaine de minutes.

Mémoires vs auditions

Selon le spécialiste en lobbying François Crête, une personne qui présente son mémoire en commission parlementaire va indéniablement « frapper plus l’imaginaire» des parlementaires qu’une autre qui ne fait qu’acheminer son mémoire à ces derniers. « Être présent, ça a plus d’impacts », indique celui qui a été directeur de cabinet des ministères de la Culture, de l’Environnement et de l’Éducation de 2003 à 2011 avant d’occuper le poste de vice-président aux relations gouvernementales de la firme de relations publiques National.

« Mais les mémoires écrits sont quand même analysés », nuance-t-il, précisant que le travail de la commission ne repose pas seulement sur celui des parlementaires. Le personnel de la commission, formé d’employés permanents de l’Assemblée nationale, doit aussi lire la totalité des mémoires, en faire l’analyse et les prendre en considération dans le rapport final. « Il ne faut pas penser que parce que vous n’êtes pas invité à présenter votre mémoire que les gens ne tiendront pas compte de l’avis exprimé dans celui-ci », conclut-il.

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