Actualités 14 décembre 2017

Marie Rollet et Guillemette Couillard

Née à Paris, probablement en 1580, Marie Rollet était une femme éduquée. En Nouvelle-France, elle a enseigné le calcul, la lecture et l’écriture à ses propres enfants, mais aussi aux Amérindiens.


Elle a également été la marraine de plusieurs Amérindiens lors de leur baptême catholique. Marie Rollet a par ailleurs bénéficié du fait que son mari a été nommé procureur du roi par Samuel de Champlain en 1620, car à partir de ce moment, elle a fait partie de l’élite administrative de Québec.

Étant donné que l’acte de mariage de Marie Rollet et Louis Hébert a été retrouvé cette année dans les archives françaises, on sait maintenant que le couple a officialisé son union le 19 février 1601 à l’église Saint-Sulpice dans le 6e arrondissement à Paris. Le précieux document nous apprend par ailleurs que Marie Rollet a eu un autre époux avant Louis Hébert, dont elle était la veuve. Il s’agit de François Dufeu, un marchand de Compiègne. Le remariage à cette époque était une question de survie. Il assurait une sécurité matérielle à la femme, en plus de lui offrir un statut social respectable.

Après le décès de Louis Hébert en 1627, Marie Rollet a épousé un troisième homme, Guillaume Hubou Deslongchamps, en 1629. La date de ce troisième mariage est importante, car la même année, les frères Kirke, au nom de la Couronne britannique, se sont emparés de Québec. En 1632, la France a récupéré sa colonie.

Des femmes honorables

Marie Rollet, tout comme Louis Hébert, est en droit d’être honorée en raison de tout ce qu’elle a accompli. Azarie Couillard Després, l’un des biographes du couple, a écrit à juste titre : « Le nom de Marie Rollet mérite une place d’honneur dans nos annales. Le Canada se doit […] d’honorer cette femme qui a pris une si large part dans les travaux du premier colon. »

Marie Rollet est décédée en 1649 à Québec. Mais avant son décès, en 1634, elle a procédé à un partage de ses biens, afin de préserver les droits successoraux des enfants nés de son union avec Louis Hébert et ensuite avec Guillaume Hubou Deslongchamps. La répartition s’est faite entre Guillaume Couillard et Guillemette Hébert, d’une part, et entre Guillaume Hubou, Marie Rollet et leur fils Guillaume, d’autre part. Ce partage a par la suite soulevé dans la famille d’énormes problèmes liés à l’interprétation juridique des règles de succession. En raison des nombreuses autres transactions conclues avec diverses personnes de même qu’avec les Augustines, l’évêque, le séminaire et l’intendant, d’autres actions en justice ont été entreprises. Le livre de Jacques Mathieu et Alain Asselin, La vie méconnue de Louis Hébert et Marie Rollet (Septentrion, 2017), explique très bien ces problèmes découlant de la succession des couples Hébert-Rollet et Deslongchamps-Rollet.

Née vers 1606, Guillemette Hébert a épousé Guillaume Couillard le 26 août 1621. Il s’agit du premier mariage indiqué sur les registres de l’église paroissiale Notre-Dame de Québec. Le couple a eu dix enfants. Cinq filles et deux garçons ont survécu, deux fils ont été tués par des Iroquois en 1661, et une des filles est décédée célibataire.

Guillemette avait un statut social important après que son mari eut été anobli par le roi de France en 1654, parce qu’il est resté en Nouvelle-France au moment où les Anglais ont mis la main sur la colonie, entre 1629 et 1632. En agissant ainsi, Guillaume Couillard et sa famille ont été en quelque sorte les gardiens de la Nouvelle-France. De plus, celui-ci a été marguillier de sa paroisse, en 1656-1657, et l’on doit mentionner qu’il s’agissait de la seule charge élective de la Nouvelle-France, à part celle de sage-femme. Cette fonction était donc importante et démontrait l’attachement des paroissiens à son égard.

En 1666, Guillemette a vendu à François de Laval le fief du Sault-au-Matelot sur lequel ses parents avaient construit leur maison, afin qu’il puisse édifier son séminaire. Ses enfants se sont opposés à cette transaction, car ils désiraient conserver ce fief dans la famille.

À la fin de sa vie, Guillemette s’est retirée chez les Dames de l’Hôtel-Dieu où elle payait pension. C’est là qu’elle est décédée, le 20 octobre 1684, à l’âge vénérable de 78 ans. Elle a été inhumée à côté de son mari Guillaume Couillard dans la chapelle de l’Hôtel-Dieu. 

Éric Dussault ~ Ph. D. en histoire