Agriculteurs et hommes d’affaires

RIVIÈRE-DU-LOUP – Depuis près de 120 ans, l’agriculture fait partie du quotidien de la famille Raymond de Rivière-du-Loup. On constate aussi chez elle un réel sens des affaires. Saisir les occasions est important pour assurer la réussite de la Ferme Raymond et Fils, comme en témoigne Louis, qui forme la 4e génération.

Fiche technique

Nom de la ferme
Ferme Raymond et Fils

Spécialité
Lait

Année de fondation
1905

Noms des propriétaires
Louis et Régent Raymond

Nombre de générations
4

Superficie en culture
223 hectares (550 acres)

Cheptel
125 têtes

À 81 ans, Régent Raymond est toujours actif à la ferme. « Je travaille autant qu’à 40 ans, mais je suis juste un peu plus fatigué le soir », lance-t-il avec fierté. C’est son grand-père, Ernest, qui a acheté la terre en 1903. « Il l’a payée 3 500 $, ce qui était cher pour l’époque », dit-il. Puis ce sont ses parents, Henri et Marie-Laure, qui ont repris les rênes de l’entreprise laitière. Le couple a eu 11 enfants, dont Régent et Georges, qui ont racheté la ferme familiale de leur mère au début des années 1980. La dame a vécu jusqu’à cent ans.

En 1981, Régent et Georges ont converti l’entreprise en élevage ovin. « On avait 650 moutons », ajoute l’octogénaire. Le troupeau touché par la tremblante du mouton a dû être abattu en 1998. Le gouvernement canadien a remboursé 50 % de la valeur du cheptel, ce qui a permis à Régent de revenir à un élevage de vaches laitières la même année, un an après le décès de Georges des suites d’un cancer du pancréas en 1997.

L’arrivée de Louis

Régent et son épouse, Nicole Saint-Pierre, ont eu trois enfants, deux filles et un garçon. « Dès que Louis a été en mesure de soulever une balle de foin, il a commencé à travailler à la ferme », raconte M. Raymond. Louis a obtenu ses premières actions en 1998. Il est maintenant actionnaire principal, bien que son père possède encore quelques parts dans l’entreprise.

Au fil des ans, les Raymond ont acheté du quota laitier. Ils ont aujourd’hui 78 vaches en lactation sur un troupeau de 125 têtes. Un agrandissement en cours de 50 pieds sur 40 pieds du bâtiment principal permettra d’accroître la taille du troupeau jusqu’à cent vaches laitières. « On livre présentement près de 100 kilos de matière grasse par jour », souligne Louis. La régie et le confort des animaux, deux éléments très importants pour la famille Raymond, seront aussi améliorés, dit-il.

Le bien-être des animaux est important pour la famille Raymond.
Le bien-être des animaux est important pour la famille Raymond.

Régent aime bien mentionner que certaines de leurs vaches ont donné du lait jusqu’à 15 ans. C’est la preuve, croit-il, qu’elles sont bien traitées. Les propriétaires n’ont d’ailleurs pas hésité à équiper les stalles de bons matelas confortables.

Même si Régent effectue encore plusieurs travaux, notamment lors des labours et des semences, Louis emploie deux travailleurs guatémaltèques. Il est très satisfait de leur travail, car, dit-il, ils sont très fiables et ne comptent pas les heures. « Pour eux, c’est une belle façon d’accroître leur qualité de vie puisqu’ils font de bien meilleurs salaires ici qu’ils feraient dans leur pays », souligne le ­producteur de 42 ans.

Louis Raymond est père de famille monoparentale de deux garçons, Jordan, 6 ans, et Jacob, 5 ans. Il se réjouit de l’intérêt que ses deux fils portent déjà à l’agriculture. Louis en profite aussi pour rendre ­hommage à sa mère, Nicole, qui lui donne un important coup de main pour élever ses enfants quand il travaille. Mme Saint-Pierre a de plus toujours été très présente auprès de son mari quand il s’occupait plus activement de l’entreprise.

La bosse des affaires

Louis ne cache pas avoir réussi quelques bons coups dans sa carrière d’agriculteur. Il a fait l’acquisition de deux fermes voisines pour la production de fourrage et mis les bâtiments en location. Les Raymond cultivent quelque 223 hectares (550 acres) pour les besoins de leurs animaux. La majorité de la culture est en fourrage. Ils produisent une quarantaine d’hectares (100 acres environ) d’orge et d’avoine chaque année pour assurer la rotation des cultures. « Nous avons aussi fait du transport d’animaux entre 1999 et 2009, ce qui a permis à l’entreprise de prendre de la vigueur », ajoute Louis Raymond. Ce dernier est de plus un homme d’affaires très actif dans le domaine de l’immobilier (voir l’encadré du bas).

Mentionnons en terminant qu’avant le retour à la production laitière, Louis a aussi fait de la drag de motoneige (courses d’accélération), ce qui l’a amené à voyager à travers le Québec. La charge de travail que représentait le retour des vaches laitières l’a cependant obligé à renoncer à participer à ces compétitions. 

Un agrandissement en cours permettra d’accroître la taille du troupeau.
Un agrandissement en cours permettra d’accroître la taille du troupeau.

Le bon coup de l’entreprise

L’homme d’affaires Louis Raymond raconte que l’un des bons coups qu’il a réalisés a été de prendre le risque d’investir dans un autre domaine que l’agriculture. En 2003, il a ­intégré le marché de l’immobilier, ce qui lui a permis de dégager des revenus additionnels pour accroître la taille de la ferme. Cette occasion s’est présentée par hasard, dit-il. « J’ai vu une pancarte sur le bord de la route, j’ai appelé mon banquier et il m’a dit “achète ça” », ­souligne M. Raymond, dont le parc immobilier compte aujourd’hui 96 appartements résidentiels.

Pour Louis Raymond, investir aussi dans le domaine immobilier a permis d’agrandir la ferme.
Pour Louis Raymond, investir aussi dans le domaine immobilier a permis d’agrandir la ferme.

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Accroître la production

Une façon de contrer les effets de l’inflation est d’accroître le volume de production pour avoir chaque année une « bonne paye de lait », affirme Louis Raymond. Garder ses vaches le plus longtemps possible permet également de réduire les coûts de remplacement. D’ailleurs, ajoute l’agriculteur, offrir le maximum de confort aux animaux est un gage de longévité.

Produire ses aliments

Un bon moyen d’être à l’abri des fluctuations du marché est de produire le plus possible les aliments qui servent à nourrir le troupeau. Régent et Louis Raymond n’ont pas hésité à acquérir des terres voisines de façon à avoir la superficie nécessaire pour l’alimentation du troupeau. Avoir de bonnes terres en culture permet d’acheter le minimum d’intrants de l’extérieur.

Embaucher des travailleurs étrangers

Louis Raymond croit qu’il est préférable de recourir à la main-d’œuvre étrangère, notamment à celle du Guatemala, plutôt que d’aller vers la robotisation. « Ça prend de la technologie, mais pas trop », croit M. Raymond. Ses employés sont fiables et travaillent très bien. Ils peuvent très facilement aider à éviter l’achat de machines coûteuses qui requièrent un entretien constant.