International 27 janvier 2022

Une ferme américaine poursuit John Deere sur le droit de réparer

Une ferme du Dakota du Nord a déposé un recours collectif le 12 janvier alléguant que John Deere ne donne pas les moyens aux agriculteurs de diagnostiquer et réparer eux-mêmes leur propre équipement.

Elle lui reproche d’avoir « délibérément » rendu le logiciel de diagnostic inaccessible aux propriétaires d’équipement individuel et aux ateliers de réparation indépendants. Cela a éliminé la concurrence sur le marché des services de réparation créant un monopole. Selon le magazine américain The Progressive Farmer, les plaignants souhaitent que le tribunal ordonne à John Deere de mettre le logiciel de diagnostic à la disposition des agriculteurs qui possède un tracteur ou une moissonneuse-batteuse équipée d’un ordinateur central de commande du moteur (engine control unit ou ECU). Ils demandent de surcroît que des dommages et intérêts soient versés aux agriculteurs qui ont payé les réparations chez les concessionnaires John Deere du 12 janvier 2018 jusqu’à aujourd’hui.

Engagement déjà pris

En entrevue avec La Terre, le directeur de la Western Equipment Dealers Association basée à Calgary, John Schmeiser, explique que le recours collectif aux États-Unis le surprend puisque les manufacturiers, incluant entre autres John Deere, Case IH et Kubota, se sont déjà engagés à mettre à la disposition des agriculteurs des outils de réparation et de diagnostic à partir du 1er janvier 2021. John Schmeiser reconnaît que ces outils peuvent cependant être hors de prix pour les petites fermes, mais ils sont disponibles.

Bruno Bouchard, directeur des ventes pour les concessionnaires JLD-Laguë, précise que le producteur peut obtenir l’information de la plupart des capteurs de ses machines par l’entremise du système JDLink. Il ajoute que les producteurs peuvent souscrire au Customer Service Advisor qui leur permet de connaître le diagnostic des codes d’erreur et même de supprimer des codes d’erreur. John Deere donne aussi accès à une bibliothèque d’instruction digitale de réparation de type « faites-le vous-même ».

Le responsable du service chez un détaillant AGCO a pour sa part mentionné qu’un système de diagnostic destiné aux producteurs s’en vient. Rien n’est finalisé pour le Canada, selon lui, mais l’agriculteur pourra éventuellement acheter un système qui se connectera aux tracteurs afin d’obtenir le diagnostic complet. Une formation et des frais pourraient s’ajouter pour avoir accès aux données. Les petits et les plus vieux tracteurs ne seraient toutefois pas couverts par ce concept. Il a fait remarquer que les récentes moissonneuses-batteuses Fendt et Massey Ferguson affichent déjà à l’écran le diagnostic en détail des codes d’erreur.

Une majorité de pièces achetées au comptoir

En dépit du fait que les tracteurs soient de plus en plus difficiles à réparer en raison des nombreuses composantes électroniques, John Schmeiser, directeur de la Western Equipment Dealers Association, précise que 95 % des réparations peuvent encore être effectuées par des agriculteurs. Il cite un sondage effectué l’an dernier chez les concessionnaires nord-américains selon lequel 60 % des pièces sont vendues directement aux agriculteurs. Cela peut comprendre des pièces de tous types, comme des pointes de herses, par exemple.John Schmeiser, souligne que les compagnies ne permettent cependant pas de changer l’ordinateur de bord ou de le reprogrammer afin d’améliorer les performances. « Des tracteurs dont la vitesse est limitée par exemple à 40 km/h pourraient aller plus vite, mais la distribution du poids et le système de freinage ne sont pas conçus pour cela », mentionne-t-il, en précisant que cela annulerait la garantie. 

Un appareil de plus de 7 000 $

À noter que l’entreprise Distribution Beaudry, à Sainte-Cécile-de-Milton, en Montérégie, vend un appareil nommé Jaltest qui permet de diagnostiquer les problèmes de différentes marques de tracteurs et de machineries lourdes. Le copropriétaire de l’entreprise, Patrice Beaudry, mentionne que ce type d’appareil n’est toutefois pas destiné au grand public en raison de son coût de plus de 7 000 $ et des connaissances poussées qu’il requiert. Environ 45 réparateurs indépendants au Québec en posséderaient un.