International 17 avril 2017

L’eau, au cœur des préoccupations des producteurs

LÉVIS — Les producteurs de pommes de terre qui irriguent leurs champs grâce à l’eau des bassins des Grands Lacs et du fleuve Saint-Laurent sont inquiets.

Pour répondre aux exigences de l’entente canado-américaine sur les ressources en eau durable de ces bassins, ils doivent depuis l’année dernière déclarer au ministère de l’Environnement du Québec les volumes d’eau prélevés nécessaires à leur production.

Les données sont difficiles à collecter et engendrent des coûts importants pour les agriculteurs, a fait valoir le 2e vice-président de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Martin Caron, aux producteurs de pommes de terre réunis en assemblée générale annuelle, le 31 mars.

Conçu pour l’industrie

Au Québec, le règlement qui met en application l’entente canado-américaine a été « bricolé à partir d’une déclaration faite pour l’industrie, les autres gros préleveurs d’eau, les papetières et compagnie », a indiqué Daniel Bernier, le spécialiste de la question à la Direction recherches et politiques agricoles (DREPA) de l’UPA. Ces usines ont en général une seule entrée d’eau et la lecture du compteur ne demande pas énormément d’efforts, selon lui. À l’inverse, un producteur qui irrigue ses champs peut avoir à faire des prélèvements à partir de diverses sources d’eau, qui proviennent des Grands Lacs ou du Saint-Laurent, avec des pompes qui sont déplacées d’un endroit à un autre. La géolocalisation de ces prélèvements, l’achat et l’entretien des instruments de mesure et, dans certains cas, l’attestation des prélèvements à la charge de l’agriculteur sont « très coûteux ».

Les Producteurs de pommes de terre du Québec ont par ailleurs voté une résolution demandant l’allègement du règlement au ministère de l’Environnement et l’instauration d’un programme d’aide financière au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) pour compenser les dépenses encourues par la mise en place du règlement.

Nouveau consortium de recherche

Faute de subventions, la survie du Centre de recherche Les Buissons, implanté depuis plus de 50 ans sur la Côte-Nord, était menacée. Cet organisme est la référence au Canada dans le développement de variétés de pommes de terre performantes. L’idée qui a été proposée au MAPAQ est un consortium de recherche dont le financement serait assuré par un partenariat public-privé. Le consortium bénéficierait d’un budget de 1,2 M$ par année sur cinq ans, dont 300 000 $ par an qui proviendraient des Producteurs de pommes de terre. Le MAPAQ se dit favorable au projet, mais n’a pas encore donné son aval.