International 4 janvier 2024

Fin de l’« accord de continuité » Canada–Royaume-Uni après le Brexit

Il pourrait bientôt être difficile de trouver des fromages anglais dans les supermarchés canadiens, alors que les deux pays tentent toujours de négocier des conditions commerciales équitables après la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne.

Le 31 décembre a marqué la fin d’un accord intérimaire qui prévoit qu’Ottawa offre à Londres un quota spécial de fromages anglais pouvant être importés au Canada à faible tarif douanier.

Même si les Canadiens pourront toujours acheter du Wensleydale, du Stilton et du Red Leicester, la majeure partie sera probablement imposée à un taux beaucoup plus élevé.

Le Canada avait temporairement offert au Royaume-Uni le même taux tarifaire sur le fromage que celui dont bénéficie l’Union européenne, dans l’espoir qu’Ottawa aurait signé un accord commercial permanent avec ce pays d’ici la fin de cette année.

Même si cette clause est supprimée, un accord de continuité provisoire de 2020 reste en vigueur, éliminant les droits de douane sur 98 % des exportations canadiennes vers le Royaume-Uni.

Au cours de la première série de négociations en vue d’un nouvel accord commercial permanent, le Canada a déclaré au Royaume-Uni qu’il ne pouvait pas avoir de quota de fromage en franchise de droits de douane plus élevé que celui qu’il avait dans le cadre de l’accord précédent entre le Canada et l’Union européenne.

Maintenant que le Royaume-Uni n’obtient plus sa part du quota total, les pays de l’Union européenne bénéficieront d’un meilleur accès en 2024. Les fromagers de pays comme la France et l’Allemagne pourront vendre plus de produits à un tarif préférentiel en utilisant le quota initialement proposé aux Britanniques.

Comme d’autres pays extérieurs à l’Union européenne, comme la Suisse ou la Norvège, le Royaume-Uni pourra vendre une partie de son fromage à un taux de droit inférieur, mais il s’agira d’une quantité considérablement inférieure.

Les gouvernements canadiens qui se sont succédé ont tenté de protéger les secteurs du lait, du fromage et des œufs de la concurrence internationale.

Pourtant, les négociateurs canadiens et britanniques restent à la table en quête d’un accord commercial complet.

Le Royaume-Uni s’oppose fermement aux demandes du Canada visant à autoriser les exportations de bœuf élevé aux hormones, ce qui, selon son envoyé à Ottawa, est un échec pour le public britannique.

Le pays est le troisième partenaire commercial du Canada en matière de biens et de services, et Londres prévoit que les importations doubleront presque de 2022 à 2035.

Peter Holmes, chercheur à l’Observatoire britannique de la politique commerciale, affirme que le Canada a le dessus, puisque le gouvernement britannique souhaite que de nouveaux accords commerciaux convainquent les électeurs qu’il a bien géré le Brexit.

Le Canada ne va certainement pas se fendre en quatre pour donner à la Grande-Bretagne ce qu’elle veut pour que l’accord commercial fonctionne sans problème

Peter Holmes, chercheur à l’Observatoire britannique de la politique commerciale et professeur à la retraite de l’Université de Sussex

« Le commerce avec le Royaume-Uni n’a pas beaucoup d’importance pour le Canada [comparativement au] Royaume-Uni qui doit mettre en œuvre cette politique commerciale symbolique post-Brexit. »

Dans une déclaration écrite, Affaires mondiales Canada a dit entretenir de bonnes relations avec le Royaume-Uni, soulignant que le Canada avait été le premier à signer un accord commercial intérimaire avec ce pays après sa sortie de l’Union européenne en 2020.

« Des progrès constants ont été réalisés dans les négociations [de libre-échange] et les deux parties sont déterminées à parvenir à un résultat global et ambitieux », a écrit le porte-parole du ministère, Pierre Cuguen.

L’accord « sera adapté aux relations commerciales bilatérales, et tous les domaines entrant dans le cadre d’un accord ambitieux seront sujets à discussion », a-t-il ajouté.

Un neuvième cycle de négociations aura lieu en février, un mois avant le deuxième anniversaire des discussions.


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