Environnement 2 septembre 2014

Rives soignées, eau en santé

178b77fc212e56d7c8e40ab9856ee838

À l’aube d’une 13e année d’existence, la Coopérative de solidarité bassins versants de la Rivière-aux-Brochets (CSBVRAB ) se prépare à documenter son expertise en sylviculture riveraine pour mieux la partager.

En dehors d’un certain cercle, cette coopérative regroupant 70 agriculteurs de la Montérégie est sans doute méconnue. N’empêche, depuis ses débuts en 1999, ses membres ont peuplé d’arbres et d’arbustes plus d’une cinquantaine de kilomètres de rives et de haies brise-vent, ce qui en ferait le deuxième plus long réseau du genre au Québec. « On a fait du Prime-Vert avant le Prime-Vert, rappelle l’agronome Richard Lauzier. Avec les agriculteurs, nous avons créé un organisme consacré à la qualité de l’eau qui nous permet de poser des actions et d’aller chercher de l’argent auprès des instances gouvernementales. » Selon lui, la coopérative a servi de modèle aux clubs agroenvironnementaux inspirés par l’approche par bassin versant.

La MRC Brome-Missisquoi, l’UPA et l’IRDA sont membres de soutien, les agriculteurs font partie du conseil d’administration. « Dès le départ, ils ont été partie prenante des décisions, de dire Richard Lauzier. Ce sont des gens ouverts à essayer de nouvelles formules. » Il n’en coûte que 30 $ pour être membre à vie de la coopérative. Les agriculteurs ne payent que 10 % du prix réel des arbres.

Les statistiques valident le labeur de la coopérative. Entre 2007 et 2010, selon l’IRDA, dans le bassin de la rivière aux Brochets, les matières en suspension ont diminué de 20 %, le phosphore de 12 %. « En général, constate Richard Lauzier, les agriculteurs sont bien fiers de leur implication. Ils voient que ça n’a pas bouleversé leurs pratiques agricoles et que leurs efforts sont appréciés par la population. »

Agroforesterie

Les bandes riveraines et les haies brise-vent ont été constituées de plus d’une trentaine de variétés de feuillus, de résineux et d’arbustes, entre autres des chênes et du frêne, de l’érable rouge, du lilas et du sureau. Au fil du temps, le processus s’est raffiné, le travail a été cartographié, les actions répertoriées. Grâce à une subvention des Caisses populaires de Bedford, Iberville et Farnham, un suivi sylvicole a pu être effectué par le géographe Charles Lussier, phénomène rare dans ce type d’ouvrage. Ainsi, on a pu diriger la croissance des arbres, les protéger des rongeurs et des chevreuils.

La CSBVRAB a reçu cet automne une autre subvention, celle-là d’Agriculture et Agroalimentaire Canada et du député Pierre Paradis, pour un projet de recherche et développement sur les chênes rouges et à gros fruit, les frênes de Pennsylvanie et les mélèzes hybrides. Dans ce cadre, Charles Lussier documentera plus en profondeur la croissance des arbres en lien avec la diversité des lieux, les travaux d’entretien, etc. « Les arbres poussent ici sans compétition, note Charles Lussier, dans un milieu ouvert où les terres sont riches. Les chênes donnent des glands en six ans alors qu’il en faut habituellement 12. » L’étude préliminaire en phytogéographie appliquée documentera donc un modèle d’implantation agroforestier pour le Sud du Québec. Elle aidera à y maximiser la productivité des essences commerciales pour d’éventuels revenus d’appoint.