Politique 7 mai 2020

La chaîne agroalimentaire québécoise réclame 650 M$ pour traverser la crise

L’aide de 252 M$ annoncée par Ottawa en début de semaine est jugée nettement insuffisante par le milieu agricole. Les hauts dirigeants des plus importants acteurs de la chaîne agroalimentaire de la province réclament d’une même voix un programme d’aide financière spécifique de 650 M$.

Marcel Groleau
« Si on veut maintenir la chaine agroalimentaire québécoise dans sa situation actuelle, il faut intervenir. » – Marcel Groleau

Le matin du 7 mai à Longueuil, une conférence de presse a réuni (à deux mètres de distance) le président général de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Marcel Groleau, le président de Sollio Groupe Coopératif, Ghislain Gervais,  le président d’Agropur Coopérative, Roger Massicotte, le président-directeur général de l’Association québécoise des industries de nutrition animale et céréalière (AQINAC), Sébastien Lacroix, et la présidente-directrice générale du Conseil de la transformation alimentaire du Québec (CTAQ), Sylvie Cloutier.

« Les chaînes alimentaires sont fragiles parce qu’on doit répondre à des baisses de ventes importantes et les faibles marges dans le secteur agroalimentaire font en sorte qu’on va vite devenir déficitaire et ça met à risque la survie de plusieurs entreprises, a indiqué le président de l’UPA, Marcel Groleau. Si on veut maintenir la chaîne agroalimentaire québécoise dans sa situation actuelle, il faut intervenir. » Chez Olymel, les coûts supplémentaires liés à la crise se chiffrent aujourd’hui à plus de 20 M$, a souligné Ghislain Gervais, président de Sollio Groupe Coopératif, propriétaire de l’entreprise. Globalement, les dépenses sont estimées à 250 M$ pour le secteur de la transformation, a précisé Sylvie Cloutier, du CTAQ.

Rappelons que la Fédération canadienne d’agriculture réclamait un fonds d’urgence de 2,6 G$ au gouvernement fédéral la semaine dernière. Le premier ministre Justin Trudeau a accordé mardi un montant de 252 M$ au secteur agricole, auquel les producteurs auront accès par l’entremise des programmes de gestion de risque existants.

Or, ces programmes, qui mettraient théoriquement 1,6 G$ à la disposition des producteurs, ne répondent pas aux enjeux actuellement vécus, insistent les acteurs de la chaîne agroalimentaire québécoise. « Agri-Stabilité a versé 250 M$ au Canada l’an dernier; c’est loin du 1,6 G$ théoriquement disponible », a martelé M. Groleau, ajoutant qu’Agri-relance est un programme avec lequel il est difficile de travailler puisqu’il n’intervient qu’en dernier recours pour le producteur. Ce dernier doit donc faire la preuve qu’il a réclamé des fonds en vertu des autres programmes afin de pouvoir appliquer à Agri-relance. Il s’agit, selon M. Groleau, de temps et d’énergie que les producteurs n’ont pas en ce moment.

Les acteurs de la chaîne agroalimentaire interpellent les deux paliers de gouvernement afin d’obtenir un programme d’aide spécifique à cette crise, comme celui qui avait été déployé lors de la crise de la vache folle.

À titre comparatif, les producteurs américains, principaux compétiteurs sur les marchés nord-américains, ont reçu une aide directe 10 à 12 fois plus importante que celle annoncée par le gouvernement fédéral cette semaine.

Autres propositions du secteur aux gouvernements

  • L’augmentation de la couverture du programme Agri-stabilité et Agri-Québec Plus;
  • la bonification des interventions des programmes Agri-investissement et Agri-Québec;
  • une aide spécifique aux petites entreprises dont le marché principal est l’hôtellerie, la restauration et les institutions;
  • une aide au soutien des inventaires et à la congélation;
  • un fonds dédié à la promotion des aliments québécois;
  • et une aide au secteur de la transformation pour couvrir les coûts supplémentaires en équipements de protection et en adaptation des chaînes de production.