Alimentation 20 janvier 2020

Une récolteuse adaptée aux canneberges fraîches bio

La dernière récolte de canneberges fraîches biologiques chez Atocas Notre-Dame, de Notre-Dame-de-Lourdes au Centre-du-Québec, a été marquée par l’acquisition d’une machinerie moderne conçue sur mesure.

« Elle est plus large et va plus vite que ce que nous avions. C’est ce qui nous permet de faire moins de passages dans les champs. Comme elle est sur chenilles, elle engendre moins de compaction des sols et cause beaucoup moins de dommages », décrit l’un des administrateurs, Olivier Pilotte. Il ajoute que la récolte est maintenant de 30 % plus rapide. À sa connaissance, il s’agit de la première machine du genre.

Le mandat a été confié l’an dernier à une entreprise locale de conception d’équipement agricole. « On s’est inspirés de la machine qu’on avait déjà ici, qui datait de 1975, pour en concevoir une plus moderne et plus efficace qui nous permettrait de récolter les fruits plus rapidement sans les abîmer », explique M. Pilotte.

De la place pour développer l’industrie

Au Québec, la vente de canneberges fraîches ne représente que 4 % des parts de marché. Pour Olivier Pilotte, cela justifiait d’y faire des investissements majeurs. « Quand on regarde les autres productions fruitières, on constate que les parts de marché des fruits frais tournent autour de 10 %. Comme on est en bas de 5 % dans les canneberges, on s’est dit qu’il y avait de la place pour développer le marché, surtout dans le biologique, et on a décidé d’investir. »

La directrice de l’Association des producteurs de canneberges du Québec (APCQ), Monique Thomas, est du même avis. « La culture des canneberges est somme toute très jeune au Québec : elle a moins de 30 ans. Il faut continuer à promouvoir les différentes façons de consommer les canneberges fraîches, qui demeurent inconnues de bien des gens », précise-t-elle.

De nouvelles variétés

Dans les dernières années, l’entreprise Atocas Notre-Dame a beaucoup investi dans la génétique des fruits afin de cultiver des variétés qui sont conçues spécialement pour la consommation fraîche et qui permettent une meilleure conservation.

« Ces fruits ne sont pas nécessairement ultra-performants sur le plan du rendement, mais ils sont d’une qualité incroyable », explique Olivier Pilotte, qui caresse le rêve de récolter un jour des fruits se conservant jusqu’à Pâques.

Un agronome de Fruit d’Or, l’entreprise spécialisée dans la transformation de canneberges qui est responsable de la mise en marché pour Atocas Notre-Dame, a d’ailleurs confirmé, en analysant la récolte de cette année, que les méthodes mises en place par l’équipe permettront de se rapprocher de cet objectif. 

Récolte plus capricieuse

Olivier Pilotte
Olivier Pilotte

Les canneberges destinées à être vendues fraîches ne se récoltent pas de la même façon que les fruits qui prendront le chemin de l’usine de transformation. Elles demandent plus de travail, de main-d’œuvre et d’équipement. Un maximum de 100 000 lb de fruits est récolté chaque jour, soit cinq fois moins que pour la récolte traditionnelle, mentionne Olivier Pilotte, qui gère Atocas Notre-Dame aux côtés de son père, Marcel Pilotte, ainsi que de Martin Le Moine et de son fils Francis.

« Il ne faut pas qu’elles restent dans l’eau trop longtemps après avoir été décrochées car, quand l’eau s’infiltre dans les fruits, ils se conservent beaucoup moins longtemps. Dans le domaine des fruits frais, le grand défi, c’est vraiment la conservation », explique le producteur. 

Marie-Pascale Fortier, journaliste.