Actualités 10 avril 2019

Comment tirer meilleur parti des plantes grâce aux biostimulants

Meilleure assimilation des nutriments, accélération de l’enracinement, résistance améliorée aux stress environnementaux : les bienfaits liés aux biostimulants sont nombreux et expliquent en grande partie leur popularité croissante chez les producteurs. Reste à savoir s’il est toujours pertinent d’y avoir recours, et si oui, à quel moment? Un expert se prononce sur la question.

« Une plante qui pousse à son optimum n’a pas besoin de biostimulant, mais force est de constater qu’une plante est presque toujours soumise à une certaine forme de stress, que ce soit la pollution atmosphérique ou des températures trop hautes ou trop basses », répond Martin Trépanier, directeur expert scientifique chez Premier Tech, qui a prononcé une conférence sur le sujet à l’Expo-FIHOQ en novembre dernier.

Par définition, l’agriculture soumet les végétaux à différents types de stress, dans la mesure où les plantes sont cultivées dans des contextes très éloignés de leur écosystème d’origine. Le soya, originaire des régions tropicales ou subtropicales, ou encore la pomme de terre, qu’on retrouve à l’état naturel sur les hauts plateaux andins, arrivent à pousser au Québec bien qu’ils se trouvent loin de leur zone de confort. « Les biostimulants viendront aider les végétaux à mieux gérer les stress auxquels ils ont été soumis », résume-t-il.

Des facilitateurs

À défaut d’une définition légale au Canada, un biostimulant peut être décrit comme une substance, ou un mélange de substances, utilisé pour favoriser la croissance des végétaux. Mais attention, il ne remplace pas les nutriments. Il aide plutôt la plante à mieux les assimiler, en agissant sur le plant lui-même ou sur les minéraux du sol. On en retrouve sous la forme d’extraits d’algues, d’acides aminés, d’acides humiques ou fulviques et d’inoculants microbiens comme les bactéries et les champignons.

Leurs bienfaits sont nombreux. Par exemple, l’application de certaines mycorhizes permet à la plante d’augmenter sa capacité à absorber les nutriments et l’eau du sol, réduisant ses besoins en arrosage et accélérant son enracinement. Leur utilisation est aussi associée à une floraison et à une fructification plus abondantes et à une meilleure tolérance aux maladies.

Des questions à se poser

Avant d’investir dans un biostimulant quelconque, le producteur devrait se demander à quel point sa production est stable et satisfaisante d’une année à l’autre. « Si le producteur connaît des saisons en montagnes russes, l’utilisation adéquate d’un biostimulant permettra d’aplanir les variations parce que les plantes pourront dépenser leur énergie à poursuivre leur croissance et non pas pour lutter contre le stress. » En revanche, si le producteur observe de très bons rendements, ou des rendements supérieurs à la moyenne, l’effet des biostimulants pourrait être moins visible.

L’efficacité d’un biostimulant dépend grandement du moment d’application. « Quand le problème est déjà présent, il est trop tard. Contrairement à un fongicide, l’application d’un biostimulant n’est pas curative, mais préventive », souligne Martin Trépanier, qui ajoute que certains biostimulants peuvent être appliqués en cours de saison pour protéger les cultures.

Bien analyser la situation

Devant la panoplie de produits offerts sur le marché, Martin Trépanier recommande aux agriculteurs d’être méthodiques. « Le producteur doit identifier avant tout ses besoins. Il a tout intérêt à en parler à son agronome, voire à obtenir un deuxième avis, si nécessaire. En révisant la littérature scientifique
là-dessus, l’agronome pourra l’aider à déterminer quel biostimulant est le plus approprié. » Ensuite, le producteur pourra effectuer des tests au champ et tirer ses propres conclusions.

Même si les vertus de certains biostimulants comme les extraits d’algues sont connues depuis une centaine d’années, ce n’est que tout récemment que la science est parvenue à comprendre comment ces substances interagissent avec les végétaux, ce qui laisse entrevoir un futur prometteur pour ce domaine et un marché lucratif pour les entreprises.

« Maintenant qu’on arrive à décoder leur mode d’action, les interventions sont plus ciblées et leur utilisation entre dans la routine des producteurs, qui voient un retour sur investissement », conclut-il.