Actualités 11 avril 2020

Technique : La graisse n’attendrit pas le fer!

Quand vient le temps de graisser vos pièces, rappelez-vous ce vieil adage que je répète très souvent aux agriculteurs qui viennent me voir au garage : La graisse n’attendrit pas le fer! N’ayez donc pas peur d’en mettre sur vos pièces. Mais encore faut-il mettre la bonne graisse sur les bonnes pièces!

Commençons par le commencement. La graisse est composée de trois substances, soit un lubrifiant liquide (huile minérale ou synthétique), un épaississant (que nous appellerons savon) et des additifs.

Audrey Lambert, collaboration spéciale
Audrey Lambert, collaboration spéciale

Le savon agit un peu comme une éponge et absorbe l’huile (la majeure partie de la graisse) de façon à ce que la pièce graissée demeure bien imbibée. Un bearing, par exemple, roulera constamment dans le savon, ce qui libérera de l’huile et gardera la pièce lubrifiée.

Dans les types de savon, il y a le lithium, le plus répandu, suivi du complexe de lithium, de la polyurée et du sulfonate de calcium. Ce dernier est d’ailleurs le meilleur type de savon et est de plus en plus utilisé dans la graisse.

Soit dit en passant, la couleur de la graisse n’a pas d’importance; il s’agit seulement d’un colorant.

À chaque graisse son utilité

Chaque graisse a ses particularités et elles ne sont pas nécessairement compatibles les unes avec les autres. Si on prend une graisse au lithium et qu’ensuite on continue avec une graisse au sulfonate de calcium, le mélange des deux entraînera une réaction chimique faisant en sorte que la graisse se cristallisera en petits grains de sable. Vous connaissez l’expression avoir du sable dans l’engrenage? Ça ne peut pas être plus vrai.

On ne mélange donc pas les types de graisse, au même titre qu’on ne mélange pas les types d’huile. Idéalement, un agriculteur devrait avoir plus qu’une cartouche de graisse et plus qu’un seul fusil à graisser sur son établi.

De plus, on veut avoir une graisse la plus collante possible, avec laquelle on se colle les doigts. Une graisse collante va être plus résistante au lavage (passage à l’eau) et va demeurer plus longtemps sur la pièce, ce qui prolongera la durée de vie de celle-ci en plus d’améliorer son fonctionnement.

Il y a une multitude de types de graisse, mais de façon générale, voici les trois principales.

La moly

La graisse de type moly (au bisulfure de molybdène) est idéale pour résister à des charges ou à des chocs, par exemple les pins de pelle, articulations sans roulement ou lorsque vous accrochez une remorque à votre tracteur. La graisse moly fonctionne bien sur des pièces qui ne tournent pas rapidement, mais qui doivent supporter une grosse pression.

La lithium tout usage

Ah, la bonne vieille graisse au lithium tout usage! On peut l’utiliser un peu n’importe où, mais elle ne donnera jamais le même rendement qu’une graisse spécifique. C’est un peu comme une graisse dépanneuse. Elle est utile pour les pièces qui tournent moyennement vite, comme certains bearings, par exemple. Elle peut toutefois se laver rapidement et ne résiste pas vraiment à la chaleur ni à la pression. Vous devrez donc en mettre souvent et beaucoup.

La haute température

Il y a aussi la graisse de type haute température, qui, son nom l’indique, supporte la chaleur. Ce type de graisse va résister beaucoup plus au lavage, en plus d’être performante sur des pièces qui tournent rapidement et qui chauffent, comme des bearings rapides ou un cross-joint de PTO. Inversement, il y a aussi la graisse basse température qui ne gèlera pas, par exemple, lorsque vous utilisez une souffleuse.

L’idée générale demeure de choisir la bonne graisse selon l’utilisation et l’application que vous voulez en faire. N’ayez pas peur d’en mettre! Rappelez-vous que la graisse n’attendrit pas le fer et pensez à graisser vos pièces lorsque vous faites vos entretiens préventifs. 

Personnellement, je suggère toujours une graisse de type synthétique, mais de façon générale, les gens prennent la plupart du temps la moins chère. Pourtant, la différence entre une cartouche de graisse à 4 $ et une cartouche à 15 $ est non négligeable. La deuxième améliorera la durée de vie de vos pièces et pourrait vous faire économiser des centaines de dollars en réparations.

Dernier conseil : rappelez-vous que ce n’est pas la quantité de graisse qui compte, mais le nombre de fois que vous en rajouterez. Mettez-en souvent; ça fait toute la différence. 

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Propos recueillis par Guillaume Cloutier