Politique 10 mars 2020

Québec soutiendra le virage vert agricole

QUÉBEC — Les producteurs agricoles sont encouragés à adopter des pratiques d’agriculture durable, et Québec les soutiendra. Le budget 2020-2021 du gouvernement prévoit 295 M$ sur six ans pour le développement du secteur agricole, dont 125 M$ sur cinq ans pour la mise en œuvre du Plan d’agriculture durable.

L’environnement est le thème phare de ce deuxième exercice budgétaire de la Coalition avenir Québec (CAQ), qui investira globalement 6,7 G$ dans la lutte aux changements climatiques au cours des six prochaines années.

En agriculture, la somme de 295 M$ favorisera la mise en place de cinq mesures :

  1. D’abord, une somme de 125 M$ est consentie à la mise en œuvre du Plan d’agriculture durable pour permettre aux producteurs de lutter contre les changements climatiques ainsi que de préserver les écosystèmes et la qualité de l’eau. Les détails du plan seront annoncés ultérieurement par le ministre de l’Agriculture, André Lamontagne. En entrevue à La Terre le mois dernier, le ministre disait espérer le dévoiler au printemps.
  2. Avec ce budget, le gouvernement de François Legault remplit une promesse électorale agricole, soit de doubler la production en serre de la province. Le budget alloue 50 M$ sur cinq ans pour mettre en place un plan de croissance de la serriculture et de l’horticulture. Les détails de ce plan seront aussi dévoilés ultérieurement par le ministre Lamontagne.
  3. Québec prévoit 15,2 M$ sur quatre ans pour élargir le réseau d’électricité triphasé, une mesure que les producteurs agricoles réclamaient depuis longtemps. Celle-ci leur permettra de moderniser leurs équipements fonctionnant à l’énergie fossile.
  4. Quinze autres millions de dollars serviront à améliorer le bien-être animal et l’utilisation judicieuse des antibiotiques en production animale. Des mesures rigoureuses en matière d’inspection, de surveillance et d’utilisation des antibiotiques pourront également être mises en place.
  5. Le budget prévoit 89,8 M$ sur six ans pour la mise en œuvre de la réforme du Programme de crédit de taxes foncières agricoles, une fois que le projet de loi sera adopté. Rappelons que ce dernier est actuellement à l’étude à la Commission de l’agriculture, des pêcheries, de l’énergie et des ressources naturelles (CAPERN).

À cette somme de 295 M$, Québec ajoute 140 M$ pour rembourser, en partie, la part de la Financière agricole du Québec (FADQ) dans le déficit du Fonds d’assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA).

Tout comme dans le précédent budget, les sommes allouées à la mise en œuvre du Plan d’agriculture durable, au plan de croissance de la serriculture et de l’horticulture, et au remboursement du Fonds ASRA seront prélevées dans les excédents de la FADQ. Dans un an, les surplus cumulés de La Financière excéderont le milliard de dollars, selon les prévisions du gouvernement.

L’Union des producteurs agricoles se dit satisfaite du budget présenté, puisqu’il répond à plusieurs demandes du secteur agricole. Le directeur général Charles-Félix Ross précise toutefois qu’il aurait souhaité y trouver des mesures visant à moderniser les programmes de sécurité du revenu.

Le budget du MAPAQ en hausse

Le budget du ministère de l’Agriculture annoncé est de 995 M$ pour 2020, ce qui représente une hausse de 25 M$ par rapport à l’exercice précédent. Comme les budgets de la FADQ, de la Régie des marchés agricoles et de la Commission de protection du territoire agricole du Québec demeurent pratiquement inchangés, Charles-Félix Ross craint que cela nuise à leur efficacité. « Il n’y a pas de baisse, mais à force de demeurer avec les mêmes budgets, on nuit à la capacité organisationnelle de ces organismes. […] Il faut aussi investir dans les ressources pour qu’ils soient capables de livrer des programmes », dit-il.

Autres mesures annoncées

Forêt : Le gouvernement annonce 115,7 M$ pour appuyer le secteur forestier. Une enveloppe de 63,8 M$ permettra d’augmenter la productivité des forêts, de favoriser la mise en terre de plants et de documenter les différents traitements sylvicoles sur les effets de la séquestration du carbone. Une enveloppe de 45,7 M$ servira à financer la Stratégie nationale de production de bois, qui vise à diminuer l’écart entre les volumes de bois disponibles à la récolte et les volumes réellement récoltés. Une somme de 6,2 M$ permettra la réalisation des travaux nécessaires à la révision de la planification des secteurs de récolte de bois disponibles.

Santé mentale : Sans préciser si les producteurs agricoles en bénéficieront, le gouvernement prévoit des investissements de près de 261,4 M$ d’ici 2024-2025 pour accroître les initiatives en santé mentale.