Actualités 18 mars 2020

Toujours le feu sacré à 80 ans

UPTON — Bien qu’il ait pris officiellement sa retraite en 2001, Yvon Phaneuf est toujours animé par la même passion qu’à l’époque où il dirigeait Les Équipements Adrien Phaneuf. Encore actif à 80 ans, l’homme ne se fait pas prier pour donner un coup de main à l’entreprise fondée par son père.

« Le secret de la santé, c’est de rester actif! Je continue à faire des livraisons d’une succursale à l’autre pour rendre service. J’aime bien faire de la route. Faut dire qu’à 15 ans, je livrais déjà mes premiers moulins à faucher », raconte avec bonhomie Yvon Phaneuf.

Témoin d’une grande époque

On peut dire d’Yvon Phaneuf qu’il est tombé dans la marmite de la machinerie agricole quand il était petit. Il n’avait que six ans quand son père Adrien, un forgeron avec des mains « si grosses qu’on pouvait passer un 30 sous dans les jointures », a commencé à vendre dans sa boutique de la rue principale à Upton des équipements de l’International Harvester. C’était en 1946.

« Après la guerre, on a connu une évolution rapide de la machinerie agricole. L’approvisionnement en pneus de caoutchouc est devenu possible et de nouveaux modèles sont venus remplacer les tracteurs W4 avec roues d’acier qu’on vendait. On a aussi vu l’arrivée de modèles européens comme le B-250, fabriqué en Angleterre [NDLR : construit de 1955 à 1961]. C’était un tracteur 25 forces et 4 cylindres qu’on vendait dans le temps avec la charrue pour 1 600 piastres! »

Auprès de son père, Yvon Phaneuf a appris les rudiments du métier. De la livraison, il est passé aux pièces, puis à l’atelier comme mécano. Sa seule bête noire : les chiffres. Ça n’a pas empêché Adrien de convaincre son fils d’étudier le commerce au Collège Laval à Saint-Vincent-de-Paul. Dans les années 1960, il s’est vu confier la responsabilité d’une agence de vente de camionnettes.

Yvon Phaneuf (centre) pose fièrement aux côtés de son fils Charles et de son filleul Hugues Théroux, propriétaires des Équipements Adrien Phaneuf.
Yvon Phaneuf (centre) pose fièrement aux côtés de son fils Charles et de son filleul Hugues Théroux, propriétaires des Équipements Adrien Phaneuf.

Aux commandes

Au décès d’Adrien en 1968, Yvon a racheté l’entreprise à sa mère avec son beau-frère Réal Théroux, marié à sa sœur Andrée. « Il était directeur de banque et les chiffres ne lui faisaient pas peur. On faisait une bonne équipe. »

Les deux associés ont pris la décision de délaisser la vente de camionnettes pour se concentrer sur les équipements agricoles. « Upton a toujours été un village d’agriculteurs. On était positionnés entre Saint-Hyacinthe, Drummondville et Granby. C’était le bon choix à faire. »

À la suite du décès de Réal Théroux en 1982, Andrée est devenue la nouvelle copropriétaire. Ensemble, frère et sœur ont continué à faire prospérer l’entreprise familiale et à la faire grandir, notamment avec l’achat d’une succursale CASE IH à Shefford.

La relève

En 2001, Yvon et Andrée ont passé le flambeau à Charles Phaneuf et à Hugues Théroux avec le sentiment d’avoir pu inspirer les bonnes valeurs à la nouvelle génération.

« Mon père m’a appris deux choses très importantes dans le métier : sois fier de ton travail et ­honore ta parole », confirme son fils Charles.

Dans les années qui ont suivi, l’entreprise familiale a connu une expansion importante avec l’acquisition de succursales à Marieville, Victoriaville, La Durantaye, Sainte-Martine, Saint-Clet et Huntingdon.

Le chemin parcouru par son fils et son filleul le remplit de fierté. « Même aujourd’hui, je reste toujours surpris de voir à quel point l’entreprise, tout comme la machinerie, a évolué. Et dire que tout a débuté dans une modeste forge… »

L’AMMAQ : un espace de dialogue

Membre de longue date de l’AMMAQ, Yvon Phaneuf conserve d’excellents souvenirs de son expérience avec le regroupement. « Je me rappelle que René Maurice [NDRL : directeur de l’AMMAQ de 1978 à 2000] était venu implanter chez nous notre premier système informatique, qu’il avait lui-même conçu! » De façon plus large, l’homme d’affaires croit que la présence de l’association a été bénéfique pour l’industrie. « S’asseoir autour d’une même table nous a permis d’arrêter les chicanes entre les marques et de nous parler. Ça nous a aussi donné l’occasion de partager entre nous de meilleures pratiques et de nous moderniser. »

David Riendeau, collaboration spéciale


Ce texte est paru dans le cahier spécial soulignant les 70 ans de l’AMMAQ, publié le 11 mars 2020.