Page conseils 16 mars 2020

Le PAEF, au-delà de l’obligation réglementaire

La réglementation québécoise exige depuis 20 ans déjà que les épandages de matières fertilisantes soient planifiés à l’aide d’un plan agroenvironnemental de fertilisation (PAEF).

Le Règlement sur les exploitations agricoles (REA) définit les critères d’assujettissement à l’obligation de produire un PAEF. À ce jour, les exploitants de lieux d’élevage sur fumier liquide ou solide dont la charge annuelle en phosphore est d’au moins 1 600 kg et les producteurs qui tirent profit de plus de 15 ha en grandes cultures ou de 5 ha en production maraîchère doivent faire réaliser un PAEF annuellement, selon l’article 22 du REA.

Au-delà de l’exigence réglementaire, le PAEF devrait être vu comme un outil de gestion d’entreprise. À la base, ce document demeure un plan de culture et de fertilisation, et quand le suivi des recommandations est bien fait, il devient la mémoire de plusieurs opérations aux champs. Il est donc intéressant de prendre le temps de regarder plus attentivement les informations qu’il contient. La synthèse des résultats d’analyses de sol par exemple renseigne sur la variabilité qui existe entre les champs, permet de déterminer où sont les problèmes et quels éléments sont limitants en étant trop ou pas assez présents. De plus, l’évolution des résultats au fil des ans permet de confirmer que les correctifs apportés fonctionnent. On y trouve des recommandations de chaux, mais aussi un registre des applications réalisées pour aider à se rappeler quels champs n’ont pas encore été chaulés. Il est bon de l’utiliser pour analyser la rotation des cultures ou pour en instaurer une. La fertilisation réellement effectuée permet de vérifier si la stratégie est conforme aux objectifs ou aux exigences réglementaires. Il sera alors possible de valider le fait que les fertilisants employés permettent d’équilibrer les exportations d’éléments nutritifs par les cultures récoltées et qu’ils serviront à abaisser les niveaux de phosphore dans les champs saturés ou à améliorer la fertilité des champs les plus pauvres.

Il est rentable de prendre le temps en cours de saison de consigner l’information sur les semis, les récoltes et les applications réelles faites aux champs. La qualité de l’information fournie pour la réalisation de votre PAEF est directement reliée à l’utilité du document final à vous aider dans la gestion d’entreprise. Pour ceux qui ne l’ont pas encore fait, il est temps de rentabiliser ce document réglementaire et de tirer profit des informations précieuses qu’il renferme. 

Zones à risque ciblées

Les zones à risque déterminées dans le PAEF peuvent servir à autre chose qu’à la planification des épandages de matières fertilisantes. Les contraintes définies dans le plan de ferme ainsi que les caractéristiques des champs (type de sol, pentes, contenu en matières organiques) sont toutes des informations utiles pour mettre en place de bonnes recommandations en phytoprotection et réaliser les applications en respectant les distances séparatrices des puits, des cours d’eau et des fossés.

Catherine Faucher, agr., conseillère technique, Réseau Agrocentre