Alimentation 10 février 2020

Un modèle de l’agriculture collective fait faillite

Après 15 ans d’activité à Saint-Vallier, dans Bellechasse, la coopérative La Mauve, qui transformait et mettait en marché les produits d’une quarantaine de fermes, déclare faillite.

La directrice, Carolyne Hamel, mentionne que l’organisme doit 250 000 $ à ses créanciers, 180 000 $ aux quelque 40 fermes qui l’alimentaient et près de 30 000 $ aux clients.

« On voyait ça venir, mais la décision est quand même dure. Des producteurs ont perdu beaucoup. Les employés ne gagnaient pas de gros salaires et  investissaient dans la coopérative. On était là par valeur et pour les producteurs. On connaissait les clients par leurs noms », mentionne Mme Hamel, en entrevue à La Terre.

« Il y a des moves qui auraient dû être faits avant », ajoute-t-elle. La coopérative logeait, selon elle, dans un bâtiment trop dispendieux, et les frais de préparation et de manutention des produits étaient trop élevés.

L’élastique a été étiré au maximum ces dernières années; des producteurs ont  même été payés 90 jours après la livraison. Puis, au début janvier, les liquidités se sont avérées nettement insuffisantes pour traverser les mois de vente traditionnellement difficiles de l’hiver. Les producteurs notamment n’avaient plus les moyens de réinvestir dans La Mauve. Les employés ont été mis à pied le 17 janvier et la faillite, déclarée le 24.

Des producteurs perdants

Ginette Dutil, copropriétaire des Serres Naturo dans Bellechasse, était membre de La Mauve depuis le tout début et elle adorait ce concept. « Lors des meilleures années, La Mauve représentait jusqu’à 35 % de nos ventes totales. La coopérative s’occupait de faire la promotion de nos produits et de les livrer. C’était vraiment pratique, ça nous donnait le temps de travailler sur notre ferme. Et durant l’été ça attirait énormément de gens. Tout le monde aimait aller à La Mauve », témoigne-t-elle, insistant sur le lien que la coopérative avait permis de créer entre ses membres.

Cette faillite  pénalise son entreprise. « Ça vient de nous faire perdre beaucoup d’argent, tout en nous obligeant à développer de nouveaux marchés », indique celle qui produit des légumes et des fines herbes biologiques. D’ailleurs, les producteurs maraîchers membres de la coopérative La Mauve étaient tous certifiés biologiques, précise l’agricultrice.

La Ferme les trois bergères, également à Saint-Vallier, devra visiblement mettre une croix sur les 8000 $ que lui doit La Mauve. « Pour des producteurs qui gagnent peu, 8 000 $, ça représente beaucoup! Et la perte de marché fait monter les inventaires. Les poules n’arrêtent pas de pondre; la ferme se fait présentement envahir de dizaines d’œufs! », explique le copropriétaire Dominique Legendre.