Actualités 7 janvier 2020

Le bonheur des agriculteurs

Les producteurs semblent plus heureux au travail que la majorité des Québécois. En effet, l’agriculture se positionne au 10e rang des 70 professions et métiers classés au palmarès de l’indice du bonheur au travail réalisé par la firme Léger. Les travailleurs agricoles ont très positivement évalué cinq des six facteurs principaux qui influencent le bonheur au travail : réalisation de soi, relations de travail, reconnaissance, responsabilisation et sentiment d’appartenance.

Appartenance et reconnaissance

Ainsi, les producteurs disent avoir le plus fort sentiment d’appartenance parmi les 17 393 travailleurs sondés entre novembre 2018 et mars 2019. Cette satisfaction vient fortement contrebalancer la mauvaise note qu’ils ont donnée à leur revenu et au degré de reconnaissance des consommateurs.

« Il est très noble de nourrir les gens », admet Pascal Thériault, agronome en gestion et technologies d’entreprise agricole à l’Université McGill. Ce résultat lui paraît tout de même surprenant, car « bien des consommateurs ne savent pas ce que les producteurs font vraiment ».

Beaucoup de gens critiquent notamment leur manière de prendre soin du bétail. « Ils ne maltraitent pas leurs animaux, c’est leur gagne-pain », précise celui qui dirige également les relations communautaires pour la faculté des sciences de l’agriculture et de l’environnement.

Dernièrement, les agriculteurs et leurs partenaires ont d’ailleurs multiplié les initiatives pour se rapprocher de la population. Chez Loblaws, par exemple, on retrouve des autocollants qui affichent le visage des producteurs sur les emballages de produits biologiques. Concernant les œufs, un code permet aux consommateurs de retracer leur origine et d’accéder à une vidéo sur Internet pour connaître l’histoire de la ferme d’où ils proviennent.

Grandes responsabilités, revenus difficiles

Quant au facteur de responsabilisation, les agriculteurs se positionnent au 5e rang du palmarès. « Ils ont un très grand sens du devoir », confirme l’agronome. Une qualité à double tranchant, toutefois. « Ils se laissent envahir par leur travail et vivent un haut niveau de stress qui les met, malheureusement, plus à risque de dépression et d’anxiété. »

Notamment, les vacances sont rares. En production animale, par exemple, il est impossible de « fermer la ferme ». On ne confie pas la tâche de nourrir ses animaux à n’importe qui.

Le plus gros défi reste le fait de bien gagner sa vie. Le palmarès le prouve bien, étant donné que les agriculteurs se classent bons derniers pour ce facteur.

« Les producteurs ont beaucoup d’actifs sur papier, soutient M. Thériault. Mais leur domaine est l’un des pires en termes de rentabilité. Ça prend de plus en plus d’actifs pour générer des revenus adéquats. »

Profits en baisse

La marge de profit des fermes québécoises diminue, car les revenus des producteurs stagnent alors que leurs dépenses augmentent. Peu de gens le savent, mais le coût des aliments croît non pas pour assurer un revenu supérieur aux agriculteurs, mais pour compenser la hausse du prix de la main-d’œuvre, de l’énergie et des fertilisants.

Nathalie Kinnard, Agence Science Presse