Actualités 24 décembre 2019

L’essor des légumineuses

Originaire des Andes en Colombie, Valerio Hoyos-Villegas a grandi en milieu agricole et a étudié l’agriculture partout dans le monde. Il comprend bien le défi que représente la production alimentaire.

En Colombie, la culture des légumineuses est importante puisqu’elle comble une grande partie de l’alimentation. « Historiquement, les légumineuses représentent une part peu importante de l’alimentation des Québécois, explique le professeur à la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’environnement de l’Université McGill. Cependant, des études de marché montrent que les préférences alimentaires se transforment actuellement et que les légumineuses occupent une place de plus en plus appréciable. » En effet, dans un contexte d’urgence climatique, les gens sont à la recherche d’aliments nutritifs et produits en minimisant l’utilisation des ressources naturelles.

Plusieurs agriculteurs cultivent des légumineuses au Québec, mais peu de variétés ont été développées spécifiquement pour les conditions climatiques québécoises. « Ma priorité est donc de répondre aux besoins des producteurs d’ici dans le but d’augmenter la performance, l’adaptabilité et la croissance des légumineuses pour ultimement rendre cette culture plus compétitive », explique le phytogénéticien. À long terme, il aimerait développer un programme public de sélection des légumineuses qui serait profitable à tous.

Des légumineuses adaptées au Québec

Pour ce faire, le chercheur utilise des techniques de sélection favorisant les plantes dont les gènes maximisent leur croissance au Québec. « Nous générons ainsi de nouvelles variétés que nous pouvons tester dans l’environnement, explique-t-il. À chaque cycle, nous augmentons la proportion d’individus avec les caractéristiques désirées. » Celles-ci incluent la performance agronomique de même que certaines qualités nécessaires à la transformation ou appréciées par les consommateurs.Valerio Hoyos-Villegas combine ces techniques classiques de sélection avec des technologies plus modernes, comme le séquençage du génome et la détection de marqueurs dans l’ADN. « Nous pouvons ainsi sélectionner directement les plantes avec les gènes qui nous intéressent », mentionne-t-il. De l’équipement acquis par l’Université McGill lui permet également de mesurer de façon beaucoup plus précise certains indicateurs de rendements, comme le taux de photosynthèse, la résistance aux maladies et la tolérance à la sécheresse.

« En combinant ces deux approches, nous disposons d’un processus hautement efficace, se réjouit le chercheur. D’ici cinq ans, de nouvelles plantes seront prêtes pour des tests dans des conditions plus spécifiques. Et pour assurer un arrimage réussi avec les acteurs du milieu agricole, nous travaillerons de concert avec les producteurs afin de sélectionner les variétés les mieux adaptées à leurs besoins. » 

Cafétérias

Valerio Hoyos-Villegas travaille aussi avec l’équipe du Centre de recherche horticole de McGill. Ses collègues se réjouissent des retombées possibles de ce projet puisqu’il leur permettra d’augmenter la production de légumineuses du centre horticole et d’approvisionner ainsi les cafétérias du campus qui utilisent environ 4 tonnes de pois chiches chaque année pour la production d’humus. 

Agriculteurs recherchés

M. Hoyos-Villegas est actuellement à la recherche de producteurs de légumineuses qui souhaiteraient collaborer aux travaux de son équipe pour l’aider à déterminer les priorités de recherche. « Nous voulons discuter avec eux des problèmes qu’ils rencontrent pour répondre le plus adéquatement possible à leurs besoins. Leur contribution est donc essentielle au succès de notre projet. »

Pour en savoir plus sur le projet : pulsebreeding.ca.

Kathleen Couillard, Agence Science-Presse