Actualités 16 décembre 2019

La crise du propane incite des producteurs à se convertir à la biomasse

La crise du propane vécue au mois de novembre fera exploser la demande pour de l’équipement de séchage du grain et de chauffage de bâtiments alimenté à la biomasse forestière, atteste Mathieu Béland, coordonnateur de Vision Biomasse Québec. « La biomasse assure une sécurité énergétique, une réduction des coûts et une meilleure empreinte carbone que le propane. C’était déjà en progression, mais je m’attends à voir un boom jamais vu [déclenché par la pénurie de propane] », dit M. Béland, dont l’organisme est un regroupement d’organisations voulant promouvoir le chauffage à la biomasse forestière québécoise.

Dominic Paulhus, directeur des ventes nationales pour Mabre Canada, une compagnie italienne spécialisée en fournaises, abonde dans le même sens. « Depuis le début de la grève, j’ai reçu plus de 100 appels de producteurs qui veulent se convertir à la biomasse. On a dû détourner trois équipements de séchage des grains à la biomasse qui étaient destinés à des clients américains pour les installer d’urgence dans des fermes du Québec », raconte M. Paulhus, qui salue d’ailleurs la solidarité de ces agriculteurs américains qui ont accepté volontiers de laisser leur appareil à leurs confrères québécois.

La compagnie québécoise Séquoia, spécialisée en systèmes de production de chaleur au bois, a aussi été interpellée par des agriculteurs désirant acheter une fournaise à la biomasse pour solutionner la pénurie de propane. « Je n’ai pas pu dépanner autant de producteurs que j’aurais voulu. On est déjà en rupture de stock. Je crois que la crise et la hausse du prix du propane de 20 % vont inciter les producteurs à être plus automnes », dit le vice-président Alexandre Couture.

Payant

À Bécancour, près de Trois-Rivières, le producteur Stéphane Parr a également été contacté par d’autres agriculteurs qui s’intéressent à son système de chaleur à la biomasse. La famille Parr sèche son grain, chauffe ses poulaillers et même ceux des voisins depuis six ans à l’aide de ses deux fournaises fabriquées au Québec. « Ça nous a coûté 800 000 $ et ça s’est payé en quatre ans », calcule M. Parr. Il souligne la stabilité des prix des copeaux de bois qu’il achète d’un centre de tri régional et la fiabilité des approvisionnements depuis le tout début. « Il y a des copeaux pour les fins et les fous », assure M. Parr. « Mais pour que la biomasse soit rentable, il faut que tu aies de quoi à chauffer qui vaille la peine [en termes de superficie] », nuance-t-il.

400 millions de litres

Vision Biomasse Québec souhaite, d’ici 2025, substituer annuellement 400 millions de litres de combustibles fossiles, réduire les émissions d’un million de tonnes métriques d’équivalent CO2 et valoriser annuellement 1 million de tonnes métriques de biomasses forestières.