Politique 17 novembre 2019

Québec solidaire en attente d’un « grand ministère »

Émilise Lessard-Therrien, porte-parole agricole pour Québec solidaire, souhaite que le ministère de l’Agriculture du Québec fasse preuve de plus de vision. Elle réclame du même coup plus de leadership de la part du ministre André Lamontagne.

La députée ne dresse pas un bilan très positif de la première année de la Coalition avenir Québec (CAQ) en agriculture. « Je n’ai pas senti de grande vision de la CAQ, affirme-t-elle. Quand on essaie d’avoir des discussions pour améliorer l’agriculture, on nous revient toujours avec l’argument de la compétitivité. Est-ce qu’il faut maintenir le statu quo pour ça? » s’interroge la députée de Rouyn-Noranda–Témiscamingue.

Elle prône plutôt une remise en question du modèle actuel. « Ça me fâche que nos agriculteurs soient à la remorque de ce qui se fait au Brésil et aux États-Unis. Juste au niveau du climat, on ne sera jamais compétitifs avec eux. Arrêtons d’être à la remorque et provoquons les choses », affirme Mme Lessard-Therrien.

À son avis, la diversification de la production agricole québécoise sur tout le ­territoire de même que la consommation de ces produits constituent des éléments clés. « Le gouvernement gère des cafétérias dans les hôpitaux, les CHSLD, les garderies et les écoles. Nous avons les outils pour provoquer la demande. »

Statut quo non envisageable

« De quoi a-t-on parlé en agriculture au cours de la dernière année? Il y a eu l’affaire Louis Robert qui a occupé tout l’agenda politique cet hiver et au printemps », note la députée. Cet incident a mené à un mandat d’initiative confié à la Commission de l’agriculture, des pêcheries, de l’énergie et des ressources naturelles (CAPERN) afin d’examiner les impacts des pesticides sur la santé publique et l’environnement ainsi que les pratiques de remplacement.

« À la lumière de tous les groupes entendus, le statu quo n’est plus envisageable. Il faut prendre des actions pour réduire la consommation des pesticides. Maintenant, comment accompagne-t-on les agriculteurs? On ne veut pas que cette transition se fasse à leurs frais », précise la politicienne, qui siège d’ailleurs à la Commission. Elle croit que cette transition passe par la présence de « plus d’agronomes non liés à l’industrie, qui vont avoir les deux pieds dans le champ, pour accompagner les agriculteurs, mieux les conseiller. J’espère que ça va transparaître dans le rapport », confie Mme Lessard-Therrien. Cette dernière a bon espoir que le fruit des travaux de la CAPERN sera dévoilé avant les Fêtes.

Nostalgique de l’époque Jean Garon

La députée souhaite également développer le chantier de l’agriculture de proximité. « C’est la diversité des modèles qui va contribuer à rendre notre agriculture plus résiliente », affirme la politicienne. Elle s’avoue aussi nostalgique du passage de Jean Garon au ministère de l’Agriculture. « C’est un personnage fort de l’agriculture au Québec, qui n’en a pas fait un petit ministère. J’aimerais ça qu’on en fasse un ministère qui est fort, qui a une voix qui porte, avec un visionnaire à sa tête », conclut-elle.