Politique 10 novembre 2019

Politique d’égalité : les Agricultrices rectifient le tir

Après avoir vu leur résolution visant à atteindre un total de 30 % de femmes élues au sein de toutes les instances de l’Union des producteurs agricoles (UPA) rejetée en Chaudière-Appalaches, les Agricultrices du Québec vont revoir leur stratégie pour que leur politique d’égalité des genres obtienne un meilleur appui au sein de la Confédération.

Selon la directrice des Agricultrices, France De Montigny, il y a eu une incompréhension autour de leur principale résolution cette année, qui a tout récemment été portée par l’une de leurs membres, la cofondatrice du blogue d’Agrimom Natacha Lagarde, lors de l’assemblée générale annuelle en Chaudière-Appalaches. À cette occasion, certaines femmes se sont fortement opposées à l’objectif de doter l’Union d’une politique d’égalité hommes-femmes.

France de Montigny
France de Montigny

Mme De Montigny estime qu’il est « très dommage » que plusieurs femmes, dont de jeunes agricultrices, perçoivent négativement cette mesure. « Les gens croyaient [avec la résolution] qu’il fallait mettre des “femmes poteau” parce que ce sont des femmes. Mais la finalité, ce n’est vraiment pas de les dénigrer. C’est d’avoir des femmes compétentes et d’aller les recruter intelligemment. »

« Pour nous, c’est sûr que si c’est débattu lors du congrès [en décembre], il va falloir trouver une bonne façon d’expliquer ce que c’est [la politique d’égalité] », enchaîne-t-elle. Cette résolution, qui avait déjà été votée à l’unanimité lors du conseil d’administration des Agricultrices cet été, a ensuite été déposée au comité du congrès dans l’espoir qu’elle fasse partie du programme.

Freins à l’implication

Lors de leur récente tournée régionale, les Agricultrices ont décelé une grande ouverture de l’ensemble des fédérations à l’importance de réaffirmer la place des femmes au sein des conseils d’administration. Mais ce concept ne fait pas l’unanimité.

Mme De Montigny reconnaît que « les portes sont ouvertes », mais qu’il faut davantage les convaincre de s’impliquer. Selon elle, rares sont les hommes qui hésitent avant d’accepter un poste à un conseil d’administration. À l’inverse, les femmes « veulent se sentir prêtes à 100 % avant de dire oui », note la directrice générale. 

Des écarts de participation notables

En consultant les taux de participation des femmes aux conseils d’administration des fédérations régionales et des syndicats locaux de l’UPA, force est de constater qu’il y a de grands écarts. Plusieurs d’entre eux atteignent l’objectif de 30 % ou même le surpassent. Le Syndicat de l’UPA du Haut-Saint-Laurent, en Montérégie, est le seul à avoir obtenu la parité (50 %), avec 10 femmes impliquées. Celui de Rivière-du-Loup, au Bas-Saint-Laurent, suit de près avec 43 % d’élues féminines. Il y a encore des syndicats locaux affichant 0 % de participation féminine au sein des instances, déplore Mme De Montigny. Quant aux instances régionales, c’est la Fédération de l’UPA du Centre-du-Québec qui a le plus haut taux de femmes (26 %).

L’Union des producteurs et productrices agricoles?

Les Agricultrices ont voté pour modifier l’appellation de l’UPA afin d’inclure les productrices aussi, au nom des quelque 29 000 femmes agricultrices au Québec. Les Agricultrices estiment qu’il est temps pour la Confédération de procéder à cette modification, d’autant plus que deux affiliées, les Producteurs et productrices acéricoles du Québec ainsi que Les apiculteurs et apicultrices du Québec ont déjà procédé à la féminisation de leur nom légal. Selon Mme De Montigny, cette résolution ne sera pas traitée au congrès cette année en raison des impacts administratifs et financiers importants à prévoir.

Par ailleurs, les membres des Agricultrices ont aussi voté pour un meilleur accès des travailleuses autonomes au Régime québécois d’assurance parentale.

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