Actualités 5 novembre 2019

Lutte contre le gaspillage alimentaire

Le 27 septembre, Greta Thunberg était à Montréal pour parler de l’urgence climatique. Les questions environnementales sont en ce moment à l’avant-scène des enjeux sociaux. « Malheureusement, on parle peu des répercussions du gaspillage alimentaire sur l’état de la planète », rappelle Pascal Thériault, agronome et directeur des relations communautaires pour la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’environnement de l’Université McGill.

Le gaspillage a un coût environnemental qu’on ne voit pas. « Pourtant, la production d’un aliment requiert des ressources, qu’il soit consommé ou jeté », explique-t-il. Au Canada, ce phénomène serait responsable de l’émission de 21 millions de tonnes de CO2 par année. Après la récolte, 61 % du gaspillage alimentaire est attribuable aux consommateurs, 10 % aux distributeurs, 15 % aux transformateurs et 14 % aux producteurs. Le gaspillage alimentaire a d’ailleurs des conséquences négatives sur ces derniers. Les prix des produits étant fixés pour tenir compte des articles invendus, cela se traduit par une réduction du montant qui leur est versé. « Pour s’en sortir, ils doivent vendre plus et donc produire plus, déplore l’agronome. Si on diminuait le gaspillage, on récupérerait une grande superficie de culture et ça pourrait permettre aux agriculteurs d’avoir une rémunération plus juste. »

Le marketing en cause?

La recherche de l’aliment parfait contribue au gaspillage, selon Pascal Thériault. « Si le détaillant dit au producteur maraîcher que les consommateurs préfèrent des carottes bien droites, celles qui sont croches n’iront pas jusqu’à l’épicerie », soutient-il. Pourtant, des études réalisées en Europe démontrent que les consommateurs achètent les aliments se trouvant sur les tablettes, même s’ils ne sont pas parfaits.

Beaucoup de produits sont également jetés en raison de la mauvaise compréhension de la date de péremption, ce qui accentue le gaspillage. « Pour les produits qui ont une durée de conservation de plus de 90 jours, la date de péremption n’est pas obligatoire, rappelle l’agronome. Des boîtes de conserve ou du vinaigre avec une date de péremption, c’est vraiment une stratégie de marketing. » En effet, cette date ne fait que garantir l’exactitude des informations nutritionnelles sur l’étiquette et non pas la salubrité de l’aliment.

Sensibilisation des consommateurs

« De façon individuelle, nous avons toujours l’impression que nous ne gaspillons pas », souligne Pascal Thériault. En fait, le consommateur ne réalise pas la vraie valeur des aliments puisque le Canada est un pays où le coût de l’alimentation est très bas.

De plus, notre rythme de vie rapide fait partie du problème. « Personne ne veut jeter de la nourriture, concède l’agronome. Toutefois, en faisant l’épicerie une fois par semaine, des imprévus surviennent et ça peut nous faire perdre des aliments. »

Selon lui, il faut donc faire un effort de sensibilisation auprès des consommateurs. « Par exemple, dans une prochaine refonte du Guide alimentaire canadien, pourquoi ne pas inciter les gens à cuisiner davantage et à mieux prévoir leurs repas? Nous devons agir, si ce n’est pas pour l’économie, au moins pour l’environnement », conclut-il.