Politique 16 octobre 2019

Le tourbillon d’un producteur en campagne

Mener de front une campagne électorale en même temps que les récoltes d’automne peut être déstabilisant pour un producteur agricole. Martin Nichols en a fait l’expérience lorsqu’il s’est présenté comme candidat provincial l’an dernier.

En août 2018, à peine quelques jours avant le déclenchement de la campagne électorale provinciale, le téléphone a sonné chez le producteur laitier Martin Nichols. Le Parti libéral du Québec le voulait dans son équipe de candidats. Il n’était pas préparé et commençait les récoltes, mais a quand même décidé de relever le défi, même si ni lui ni son parti ne croyaient en ses chances de l’emporter dans le bastion péquiste de Borduas.

« Ça leur prenait quelqu’un. Ils savaient que j’étais actif au niveau politique dans la région, que j’avais évidemment un bon contact avec le monde agricole », explique le producteur de La Présentation.

Avant d’accepter, Martin Nichols a précisé aux organisateurs du parti que l’automne était une période chargée pour un producteur. Ils se sont donc entendus sur une campagne à temps partiel. « Je pensais que c’était à temps partiel, mais je me suis aperçu que c’était énormément de travail », raconte-t-il.

Même s’il partageait les idées et les valeurs du parti, le producteur a dû se familiariser avec la plateforme et surveiller les faits et gestes de ses adversaires dans le comté, ce qui lui a demandé énormément de temps. « Le jour du débat [dans ma région], je charriais de l’ensilage et j’avais des documents téléchargés sur mon téléphone. Pendant que je vidais les voitures d’ensilage, je prenais des notes dans mon carnet pour essayer de me préparer autant que possible pour le débat du soir. Ça fait un méchant rush », dit-il. Épuisé de sa journée de travail, le candidat n’a pas été satisfait de sa performance, mais on lui a assuré au parti qu’il s’était bien débrouillé. « C’est sûr que si j’avais eu six mois pour me préparer, ça aurait été un autre monde. Là, j’avais eu 10 jours », indique-t-il.

Quatrième

Le 1er octobre, la circonscription de Borduas, historiquement péquiste, est tombée aux mains de Simon Jolin-Barrette, de la Coalition avenir Québec, aujourd’hui ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration. Martin Nichols, quant à lui, est arrivé 4e dans la course.

L’homme n’est pas amer. « C’était une expérience extrêmement intéressante, absolument unique », souligne-t-il. L’ex-candidat n’exclut pas le fait de retenter le coup dans une dizaine d’années, quand ses enfants auront atteint l’âge adulte. Mais il aura appris une chose : il est pratiquement impossible de mener une campagne électorale à temps plein et de -continuer à s’occuper de la ferme. 

Trois conseils pour réussir son saut en politique

1. Bien se préparer : C’est le plus important, selon Martin Nichols, pour savoir dans quoi le futur politicien s’engage et avoir une bonne connaissance de la plateforme du parti.

2. Avoir le soutien « indéfectible » de sa famille : « Pendant trois semaines ou un mois, tu n’es tout simplement pas là », souligne l’ex-candidat. Les invitations se multiplient les soirs de semaine et il faut faire du porte-à-porte le week-end.

3. Trouver le temps de décrocher : Malgré la frénésie de la campagne, il faut se détendre, ne serait-ce que quelques minutes avant d’aller au lit.

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