À coeur ouvert 2 octobre 2019

Quand la santé mentale d’un proche est fragile

« L’automne dernier, mon frère Paul a reçu un diagnostic de bipolarité. Comme il a repris la ferme de nos parents il y a quelques années, il est maintenant seul à travailler sur la terre. Depuis l’annonce du diagnostic, il n’arrive pas à remonter la pente. Il a des retards dans sa comptabilité, ne se lève jamais à la même heure le matin et est souvent d’humeur maussade », raconte Bianca.

La jeune femme est démunie face aux comportements de son frère qui refuse d’être aidé. Elle voudrait « sauver la ferme familiale », mais surtout, le « sauver de lui-même ».

Deuil à faire

Un problème de santé mentale demande beaucoup d’adaptation de la part de la personne concernée et de son entourage. Il s’agit bien souvent d’un deuil à faire.

« Je comprends mieux maintenant ses difficultés et je dois me résigner à voir la ferme être vendue puisqu’il ne peut plus s’en occuper seul », constate Bianca.

Si Paul ne prend pas sa santé mentale en main et s’il continue à refuser sa différence, il risque de se retrouver bien seul.

« Enfin, je sais ce qu’il a, mais lui ne se voit pas malade. Il pense que ce sont les autres qui sont contre lui. C’est difficile de le voir dépérir sans rien faire », mentionne la dame.

Des actions, Bianca en a posé. « Une fois, j’ai dû appeler les ambulanciers et même les policiers qui l’ont amené à l’hôpital. Il a eu rapidement des services, mais a toujours refusé l’hospitalisation. Il se dit capable, correct, mais la réalité est tout autre », relate avec émotion la sœur de l’agriculteur.

Pour elle, il n’y a pas d’issue possible. « Il devra vendre la ferme, faire encan. Il refuse de m’écouter, d’aller consulter. Il s’isole de plus en plus et ne prend pas sa médication », ajoute-t-elle. Tout cela l’inquiète.

Aide à soi-même

Afin de se protéger, elle s’est mise à consulter un organisme de sa région venant en aide aux proches de personnes aux prises avec un diagnostic de maladie mentale.

« Je dois m’occuper de moi si je veux pouvoir l’aider », affirme Bianca.

Désormais, la relation entre le frère et la sœur est limitée. Elle a décidé de prendre soin d’elle-même tout en gardant un œil sur son frère. Elle apprend à mettre ses limites avec lui, en souhaitant qu’il accepte de consulter un psychologue. Elle l’encourage du mieux qu’elle peut afin qu’il accepte de prendre sa médication, mais elle est consciente qu’elle ne peut pas l’aider si lui ne le veut pas.

Cette situation est délicate et même très émotive pour Bianca, car elle doit jongler avec les hauts et les bas du moral de son frère qui est soit trop motivé, soit totalement déprimé, car il est imprévisible.

« J’ai appris à lâcher prise, à le laisser se débrouiller par lui-même. Je sais que son jugement est biaisé par moments. Avant, je voulais le contrôler, lui dire quoi faire avec les animaux, mais il n’en faisait qu’à sa tête et devenait même méchant avec moi », explique la jeune femme.

Est-ce que la vente de la ferme aidera Paul ou lui nuira? Trouvera-t-il le bon moment pour aller consulter? Nul ne le sait pour le moment. Bianca souhaite que le plus gros de la tempête soit derrière elle. Elle veut maintenant que son frère chemine à travers la maladie, qu’il l’accepte et l’apprivoise. Elle choisit de l’accompagner et non pas de tout faire à sa place.