Actualités 8 octobre 2019

De l’aide réclamée pour équiper les producteurs contre les gaz de silo

« Détecter les gaz [de silo], c’est sûr qu’il y a de l’ouvrage à faire là-dessus. Ça doit être une priorité comme on l’a fait pour le bien-être animal et le côté végétal. Le ministère de l’Agriculture doit nous soutenir. » C’est ce qu’a affirmé à La Terre le 1er vice-président de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Martin Caron, en marge de l’atelier de prévention contre les gaz de silo d’Équipements Lambert à Newport en Estrie, le 17 septembre.

Lors de cette activité organisée conjointement par la Fédération de l’UPA-Estrie et le producteur ovin Marie-Antoine Roy, la conseillère en vente Mirelly Roy-Turner a posé une question toute simple : « Qui a une procédure d’entrée sécuritaire en espace clos? » Un seul producteur parmi la trentaine présente a levé la main.

Sylvain Roy
Sylvain Roy

Cette situation n’étonne pas M. Caron, qui est aussi responsable des dossiers de santé et de sécurité à l’UPA. Il a d’ailleurs rappelé en entrevue que le fait de ventiler son silo à fourrage, comme l’a suggéré un agriculteur pendant l’atelier, « ce n’est pas une procédure complète ».

À la fin de l’activité, l’éleveur laitier s’est levé pour dire que des discussions entre l’UPA et le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) avaient été entamées afin de créer un programme d’aide spécifique pour outiller les producteurs.

M. Caron souhaite que le gouvernement soutienne financièrement l’achat d’équipement de protection (détecteurs de gaz et bonbonnes d’oxygène) et encourage les services-conseils à accompagner davantage les producteurs pour établir leur plan d’action à la ferme. « Je pense qu’on est capables d’avoir un budget en conséquence de ça », a-t-il ajouté.

Interrogé sur la possibilité de créer un tel programme, le relationniste Yohan Dallaire Boily, du MAPAQ, s’est limité à dire que le ministère « est disposé à contribuer aux travaux liés à cette problématique [des gaz de silo] au besoin ».

De rares procédures

Selon Sylvain Roy, inspecteur de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), les petites entreprises en agriculture qui ont une procédure d’entrée sécuritaire en espace clos sont « rares ». Mais d’après lui, la sensibilisation est plus forte après la survenue d’accidents, comme celui qui a coûté la vie à Nicholas Lanciaux l’été dernier, en Estrie. « Ça fait comme une vague […], mais les gens oublient vite. La vague est vite passée », considère-t-il.

Aussi, M. Roy croit que les producteurs n’ont plus d’excuses. « Aujourd’hui, ils ne peuvent plus dire qu’ils ne savent pas [que c’est obligatoire] et comment s’équiper », dit-il. Toutefois, il n’y a que le tiers des exploitations agricoles qui sont couvertes par la CNESST et qui sont soumises à sa réglementation.

« Ce n’est pas facile de faire passer le message. Ça ne pogne pas, la sécurité », déplore Marie-Antoine Roy, l’hôte de l’atelier à sa ferme de Newport. Pourtant, la conseillère Mirelly Roy-Turner venait de faire la démonstration que l’équipement de protection était facile à manipuler. « C’est simple d’utilisation un détecteur de gaz », a-t-elle fait valoir. 

Avis mitigés sur les achats de groupe

Au cours des dernières années, certains producteurs voisins se sont unis pour faire l’achat d’un détecteur de gaz. Martin Caron a d’ailleurs évoqué cette option permettant de partager les coûts.

Le président du Syndicat de l’UPA du Haut-Saint-Laurent, Henri Lemelin, estime que cette solution n’est pas l’idéale. « Pour les producteurs, c’est important que ce soit simple. Si mon chum habite à un mille de chez moi, je ne prendrai pas [le temps] d’aller le chercher », témoigne-t-il.