Politique 23 septembre 2019

Auditions de la CAPERN – Jour 1

Les auditions de la Commission de l’agriculture, des pêcheries, de l’énergie et des ressources naturelles (CAPERN) se sont amorcées le 23 septembre à Québec. L’objectif est d’examiner les impacts des pesticides sur la santé publique et l’environnement. La Terre est sur place.

Résumé de l’intervention de la Fondation David Suzuki

Le groupe demande à ce que soient interdites les publicités sur les pesticides, faisant référence au traitement qu’on a accordé au tabac.

Louise Hénault-Ethier, chef des projets scientifiques et Mélanie Le Berre, analyste à la Fondation David Suzuki. Photo : Martin Primeau/TCN
Louise Hénault-Ethier, chef des projets scientifiques, et Mélanie Le Berre, analyste à la Fondation David Suzuki. Photo : Martin Primeau/TCN

Il demande aussi à ce que soient mieux formés les médecins afin de mieux reconnaître les cas d’intoxication. Comme Équiterre, le groupe recommande un bilan précis des ventes avec un référencement qui permettrait des études épidémiologiques. « Un bilan aux deux ans, c’est inefficace », a indiqué Louise Hénault-Ethier, chef des projets scientifiques à la Fondation, qui était assistée de Mélanie Le Berre, analyste. Le groupe recommande aussi à ce que soient éliminés les conflits d’intérêts en référence aux agronomes liés aux entreprises qui vendent des pesticides. « Les pharmaciens et les médecins sont deux types de professionnels distincts. »

Résumé de la proposition d’Équiterre

Nadine Bachand, chercheuse senior sur les questions agricoles chez Équiterre, demande à ce que soit interdit le glyphosate « par souci de précaution ». Le groupe de défense de l’environnement demande aussi plus de transparence sur l’utilisation qui se fait des pesticides et des semences enrobées au Québec, recommandant la création d’une plateforme Web accessible au public qui permettrait de référencer et de géolocaliser chaque utilisation. « On ne demande pas l’interdiction totale des pesticides, a-t-elle toutefois souligné, tout en suggérant « une réduction significative » de leur utilisation. La scientifique a notamment décoché une flèche sur l’utilisation du produit en prérécolte, une pratique qui, selon elle, a cours au Québec.

Nadine Bachand, chercheure séniore sur questions agricoles chez Équiterre. Photo : Martin Primeau / TCN
Nadine Bachand, chercheuse senior sur questions agricoles chez Équiterre. Photo : Martin Primeau/TCN

Équiterre recommande aussi que les services-conseils soient laissés entre les mains d’agronomes indépendants, invitant le gouvernement à accroître ses investissements pour stimuler « le transfert de connaissances » sur le terrain.

Mme Bachand souhaite aussi que soient encouragées les pratiques de régénération des sols afin de retourner le carbone dans le sol et de réduire le recours aux pesticides de synthèse, ce qui permettrait de faire « d’une pierre deux coups ». Elle suggère à cet effet que soit bonifiée la couverture d’assurance des producteurs qui prennent des mesures en ce sens.

Le groupe était aussi représenté par son directeur des communications, Ryan Worn.

Résumé de l’intervention de l’OAQ

Cinq représentants de l’Ordre des agronomes du Québec (OAQ) sont venus affronter les questions des députés de la CAPERN, menés par leur président, Michel Duval. Au cœur des échanges : la place occupée par les agronomes liés aux entreprises dans la prescription de pesticides. « On fait souvent le parallèle avec le travail des médecins et des pharmaciens, a souligné Émilise Lessard-Therrien, députée de Rouyn-Noranda–Témiscamingue.

Pourquoi ce n’est pas comme ça que ça se passe? » M. Duval a d’abord indiqué que « dans un monde idéal, ce serait la solution parfaite », avant d’ajouter que le gouvernement a supprimé de nombreux postes d’agronomes dans les années 1980, laissant les services-conseils passer entre les mains des entreprises. L’Ordre recommande d’ailleurs une «modernisation » de la Loi sur les agronomes afin de refléter « l’avancée de la science agronomique du 21e siècle ».

L’OAQ demande aussi à ce que soient respectées les normes sur les bandes riveraines et qu’une compensation soit offertes aux producteurs pour le manque à gagner lié aux pertes des terres non cultivées.

Résumé de l’intervention de Jocelyn Michon

Le producteur de grandes cultures Jocelyn Michon a vanté auprès des députés de la CAPERN les vertus de la culture en semis direct permanent combinée à celle des plantes de couverture. « Un sol vivant est un sol performant, a-t-il dit. Les plantes sont plus aptes à se défendre face aux champignons et aux insectes. » Seul producteur à témoigner à la Commission en son nom propre, il a fourni une série de chiffres pour convaincre celle-ci d’amener plus d’agriculteurs à adopter cette pratique, soulignant entre autres qu’il n’utilise que 32 litres de carburant à l’hectare plutôt que 92 pour ceux qui labourent leurs terres.

Questionné sur l’importance du glyphosate dans sa pratique, le producteur a été catégorique. « Le glyphosate est le seul outil qui nous permet de ne pas travailler le sol, a-t-il mentionné. Personne ne réussit à faire du non-travail de sol sans pesticides. »

Résumé de l’intervention de La Coop fédérée

La Coop fédérée suggère aux membres de la CAPERN de mettre en place un crédit d’impôt pour que les producteurs aient plus de facilité à adopter des solutions technologiques en agriculture de précision. Une façon, selon eux, de réduire leur utilisation en appliquant « le bon produit, au bon moment et de la bonne façon », a expliqué Sébastien Léveillé, chef de la direction de Sollio Agriculture, une division de La Coop fédérée impliquée dans la distribution de pesticides. Il était accompagné de Gaétan Desroches, chef de la Coop, et d’Alexandre Veilleux.

Sollio Agriculture emploie au total environ 300 agronomes au Québec. Selon son représentant, jamais son organisation n’a versé de redevances à l’un de ses membres pour la vente de pesticides. « Pas chez nous », a indiqué M. Léveillé.

Gaétan Desroches, Sébastien Léveillée et Alexandre Veilleux. Photo : Martin Primeau / TCN
Gaétan Desroches, Sébastien Léveillée et Alexandre Veilleux. Photo : Martin Primeau/TCN