Ma famille agricole 6 octobre 2019

La piqûre du maraîchage sur petites surfaces

COOKSHIRE-EATON — Après s’être adonnés à la production ovine pendant quelques décennies, Dominique Guay et Alain Lussier ont fait le saut en maraîchage. La transition a interpellé leur fille Camille, qui s’était pourtant juré de ne pas revenir vivre en région. Elle songe désormais à s’établir sur le lot familial dans le but éventuel de reprendre les rênes de la ferme Les Hôtes Épinettes.

Ayant grandi dans une ferme, Dominique Guay savait que l’agriculture ferait tôt ou tard partie de sa vie. Alors qu’elle occupait son emploi de technicienne de la faune sur l’île d’Anticosti, elle s’obstinait à cultiver un jardin semé sur un sol peu propice.

Après cinq années passées sur l’île, Dominique Guay et Alain Lussier, maintenant parents de deux enfants, décident d’acheter une bergerie en 1987 en Estrie, région natale de ce dernier. Le couple démarre une production d’agneaux de lait avant de se tourner vers celle d’agneaux lourds. Deux autres enfants voient le jour en cours de route.

Les agriculteurs mettent un terme à leur aventure ovine après l’implantation en 2007 d’une convention de mise en marché. « [En 20 ans], les coûts de production ont augmenté, mais le prix n’a jamais suivi », se rappelle M. Lussier.

Camille pousse ses parents hors des sentiers battus. À même le site de la ferme, elle tient séances de yoga, célébrations de la fête nationale et soirées pour groupes de scouts.
Camille pousse ses parents hors des sentiers battus. À même le site de la ferme, elle tient séances de yoga, célébrations de la fête nationale et soirées pour groupes de scouts.

Du mouton à l’oignon

Après quelques années de pause, Mme Guay entend parler du livre Le jardinier-maraîcher, de Jean-Martin Fortier. Ce manuel d’agriculture biologique sur petites surfaces est une véritable révélation pour celle qui se met aussitôt à organiser ses données et à faire des tableaux de données Excel.

Devant l’abondance des récoltes, la productrice se tourne vers sa fille Camille, qui a délaissé la vie de rang au profit de la ville. Elle lui demande alors simplement d’écouler les surplus de légumes de la ferme auprès de son cercle d’amis.

Camille attrape à son tour la piqûre. « Ç’a l’air que tu peux sortir la fille de la campagne, mais pas la campagne de la fille », résume celle qui, après 10 années à œuvrer en thérapie sportive, décide d’effectuer un retour à la terre.

Elle s’applique aujourd’hui à tirer le meilleur des champs en compagnie de ses parents. Son père demeure convaincu de la pertinence d’une ferme maraîchère et de proximité comme la leur. « C’est sûr que des grandes cultures, il va toujours y en avoir. Mais de plus en plus, les petites fermes comme la nôtre, ça pousse partout », se réjouit-il. 

Ne jamais dire jamais

Dès qu’elle en a eu l’opportunité, Camille Lussier a délaissé la vie à la bergerie pour aller étudier à Sherbrooke, puis à Montréal. C’est seulement à l’aube de la trentaine qu’elle s’est rendu compte de la richesse de la campagne. « À un moment donné, la ville, c’est assez. Finalement, j’aime bien mieux boire une bière sur le bord d’un feu de camp », explique-t-elle en riant. Maintenant dévouée à ses tâches à la ferme, elle a même installé une roulotte temporaire tout près des champs. Une fois l’entreprise consolidée, Camille aimerait bâtir une maison à proximité de celle où elle a passé la majeure partie de son enfance.

Jean-Marc Brais, collaboration spéciale

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