Actualités 26 septembre 2019

Dans les engrais verts depuis 15 ans

SAINTE-MONIQUE – Les terres vallonnées de Yanick Beauchemin, situées le long de la rivière Nicolet, sont toujours susceptibles d’érosion. Pour les protéger, le producteur de Sainte-Monique mise sur des bandes riveraines larges et des cultures de couverture.

Yanick Beauchemin cultive 150 hectares en rotation maïs-grain, soya et blé. Il produit également du foin ou du maïs ensilage sur 40 hectares pour alimenter son troupeau laitier.

Depuis maintenant 15 ans, il inclut des engrais verts dans sa rotation. « Les gens choisissent toujours les cultures les plus payantes. Je vois souvent des producteurs faire une rotation de maïs, soya et blé d’Inde, lance-t-il en riant. Ce n’est pas l’idéal! »

Comme agronome et conseiller au Club Yamasol, il connaît bien les avantages d’une rotation à trois cultures avec cultures de couverture.

« Comme engrais verts, je mets toujours un mélange de radis et de moutarde, explique-t-il. Le radis a un beau système racinaire. C’est vraiment avantageux quand on regarde du côté de la santé des sols. »

Avec ce mélange, le producteur sème environ 10 kg/ha, ce qui représente un investissement d’environ 40 $/ha.

« J’essaie quand même de diversifier mon choix d’espèces. Je fais des tests et je vois ce qui fonctionne bien ou non selon mes besoins », affirme-t-il.

L’an dernier, Yanick Beauchemin a d’ailleurs testé un mélange d’avoine et de pois. Le prix de la semence d’avoine a compensé le coût élevé de la semence de pois, qui peut atteindre plus de 100 $/ha. Au final, le producteur s’en est tiré avec un investissement d’environ 35 $/ha.

Selon M. Beauchemin, ce mélange d’engrais verts a bien joué son rôle comme culture de couverture. « Après l’hiver, les vers de terre ont pu profiter d’un véritable buffet chinois! Malgré un printemps difficile, mes champs sont beaux. »

L’été dernier, malgré la sécheresse, il a obtenu un rendement de 4,8 t/ha dans le soya et de 13 t/ha dans le maïs. « Ç’a été ma meilleure saison à vie », dit-il. Selon lui, les cultures de couverture y sont pour quelque chose. « Quand tu as un sol en santé, ça profite aux cultures principales. Tu vas avoir une belle stabilité de rendement, même quand la météo n’est pas de ton côté. »

Yanick Beauchemin a choisi une déchaumeuse à disques sur laquelle est monté un semoir APV.
Yanick Beauchemin a choisi une déchaumeuse à disques sur laquelle est monté un semoir APV.

Travail réduit du sol

Pour ses cultures principales, Yanick Beauchemin fait du semis direct. « La terre d’ici est très argileuse. Ça procure de bons rendements, mais si tu travailles trop ton sol, ça finit par faire du ciment », illustre-t-il.

Dans le cas de ses engrais verts, il utilise donc une déchaumeuse sur laquelle est installé un semoir APV. « Ça fait un léger travail de sol pour incorporer le fumier et semer en même temps. »

En limitant les passages au champ, cette technique lui permet de gagner du temps et de rentabiliser ses engrais verts. 

Bien qu’il considère ses cultures de couverture comme « assez rentables », Yanick Beauchemin est conscient que cette pratique nécessite un peu plus d’efforts que les rotations conventionnelles. « Quand l’automne arrive et que je n’ai aucun sol à nu, par contre, je suis certain que mes sols sont protégés. Je me dis qu’avec ça on est champion! » 

Les hauts et les bas de Dame Nature

Selon Yanick Beauchemin, les engrais verts sont une belle façon de faire face aux changements climatiques. « De plus en plus, on connaît de longues périodes de sécheresse, puis des coups d’eau très intenses. C’est toujours excessif, explique l’agronome. Les engrais verts amènent une meilleure stabilité des rendements même quand la nature fait des siennes. »