Alimentation 28 août 2019

Mettre un visage sur le local

Il n’y a pas que l’épicier Bruno Desrochers qui met en vedette les producteurs locaux dans son magasin. Denis Nolet, propriétaire du Provigo de Ville-Marie, en Abitibi-Témiscamingue, partage cette volonté de faire valoir les artisans qui sont à l’origine des produits de sa région.

« Je leur donne les meilleurs emplacements dans tous les rayons », affirme celui qui consacre entre autres un étalage complet aux légumes de la ferme maraîchère l’Éden Rouge, au-dessus duquel trône une photo grand format des copropriétaires Angèle-Ann Guimond et Anny Roy.

Autre exemple : en Estrie, depuis près d’un an, le minois d’une quarantaine de producteurs locaux accompagne leurs produits chez 17 marchands IGA de la région. « Avec les affiches, on met un visage en avant plutôt qu’une compagnie. Ce sont des gens qu’on connaît dans la région », estime Eric Bouchard, propriétaire du IGA Saint-Élie, à Sherbrooke, qui a été l’un des premiers à embarquer dans le projet. Certains producteurs impliqués ont ainsi vu leurs ventes augmenter du quart, selon le Conseil de l’industrie bioalimentaire de l’Estrie (CIBLE), qui chapeaute l’initiative.

Des photos de producteurs tapissent les étalages d’une épicerie de Bedford, au New Hampshire. Photo : Serge Labrosse/TCN
Des photos de producteurs tapissent les étalages d’une épicerie de Bedford, au New Hampshire. Photo : Serge Labrosse/TCN

Tendance lourde

Francine Rodier, professeure au Département de marketing de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM, voit là une tendance lourde qui a pris son envol : « Il y a eu une prise de conscience généralisée sur le besoin de mettre [les produits locaux] de l’avant. »

Elle mentionne par ailleurs que les marchands indépendants se démarquent particulièrement. « Ils ont toujours été plus dynamiques pour mettre en avant les producteurs locaux. Ils ne se font pas imposer de planogrammes [plans à respecter pour la disposition des produits] conçus à 90 % par la bannière, alors que certains magasins n’ont pas cette marge de manœuvre là », considère-t-elle.

Le Québec en retard

La professeure estime toutefois que les détaillants et les producteurs québécois sont encore « trop modestes » quand vient le temps de promouvoir l’achat local. « On a du chemin à faire pour se mettre en valeur. On n’est pas assez vantards », ajoute celle qui a récemment voyagé en Suède et au Danemark, où la promotion des produits locaux en épicerie est bien établie au sein de l’industrie alimentaire. 

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