Environnement 19 août 2019

Premier cas de résistance au glyphosate dans les Laurentides

Après le Centre-du-Québec et la Montérégie, c’est au tour de la région des Laurentides d’être touchée par un premier cas de résistance au glyphosate. Le Centre de recherche sur les grains (CÉROM) a révélé l’information dans son plus récent bilan sur la résistance des mauvaises herbes au Québec.

La plante résistante en cause, de la moutarde des oiseaux, a été extirpée en 2018 d’un champ d’une MRC des Laurentides dont le nom demeure confidentiel. Elle est de la même espèce que le premier cas de mauvaise herbe résistante au glyphosate connu au Québec, identifié en 2017 dans un champ du Centre-du-Québec. Dans son analyse, le CÉROM révèle d’ailleurs que 11 cas de moutarde des oiseaux résistante au glyphosate ont été découverts en 2018. Il en avait dépisté quatre l’année précédente.

Plus d’échantillons testés

Interrogée sur ces chiffres, l’auteure du rapport, Sandra Flores-Mejia, souligne qu’il est impossible d’affirmer pour l’instant si on assiste à une augmentation du nombre de cas de résistance au glyphosate au Québec. « Les échantillons nous sont soumis sur une base volontaire, indique la chercheure en malherbologie du CÉROM. On ne fait pas d’enquête systématique. »

Si trois fois plus de plantes résistantes au glyphosate ont été identifiées au Québec au cours de la dernière année (12 comparativement à 4 en 2017), il faut aussi souligner que près de trois fois plus d’échantillons ont été soumis pour fin d’analyse au CÉROM et au Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP). Alors qu’en 2016 et en 2017, les chercheurs avaient analysé respectivement 27 et 35 spécimens, le nombre a atteint 109 l’an dernier, « probablement parce que les producteurs connaissent mieux nos services », suppose Mme Flores-Mejia.

Du lot, 61 cas se sont avérés résistants à au moins un herbicide. Vingt et un d’entre eux présentaient une résistance au glyphosate, incluant les 12 cas de moutarde aux oiseaux ainsi que 7 cas de canola génétiquement modifié ayant contaminé des champs de maïs ou de soya. Trente-deux échantillons de petite herbe à poux résistante aux herbicides du groupe 2 (imazéthapyr) ont aussi été identifiés. 

Enquête en cours

Une enquête plus exhaustive sur la résistance aux herbicides a d’ailleurs été lancée en Montérégie, au Centre-du-Québec et dans Lanaudière en 2018. Pilotée par l’agronome Marie-Édith Cuerrier, celle-ci s’attarde à cinq espèces de mauvaises herbes en particulier, incluant la moutarde des oiseaux, la petite et la grande herbe à poux ainsi que l’amarante tuberculée et la vergerette du Canada. À la suite d’un financement de Bayer, le groupe a aussi établi cet été un réseau de surveillance de résistance au glyphosate dans environ 90 champs.

Comment transmettre des échantillons suspects

Au Québec, le Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection agit désormais comme seul intermédiaire à qui transmettre des échantillons suspects. Il collabore ensuite avec les acteurs du réseau, notamment le CÉROM
et le groupe de Marie-Édith Cuerrier, pour assurer le suivi, le tout gratuitement. Les échantillons feront l’objet de tests de détection moléculaires, plus rapides, ou de tests de croissance qui s’étalent sur plusieurs mois.