Ma famille agricole 21 juillet 2019

Le cassis de père en filles

SAINT-PIERRE-DE-L’ÎLE-D’ORLÉANS — Le cassis recèle mille et une vertus. Il sert aussi de source d’inspiration à Bernard Monna. S’étant établi à l’île d’Orléans dans les années 1970, l’entrepreneur d’origine française laisse désormais une large place à ses filles Catherine et Anne.

Le cassis représente un véritable « or noir » pour la famille Monna. Photo : Gracieuseté de la famille Monna

La famille Monna est la première à avoir importé le cassis au Canada. « Nous sommes les pionniers du cassis en Amérique du Nord et également de la crème de cassis. Je voulais reproduire la recette européenne, mais ce n’était pas possible à cause de la législation. J’ai donc élaboré ma propre crème de cassis », explique Bernard Monna, fondateur de Cassis Monna et Filles et descendant de Louis Monna, qui a lancé le bal dans la région française de l’Hérault en 1872.

Les filles du fondateur s’impliquent plus activement dans l’entreprise depuis une dizaine d’années. Alors que Catherine, l’aînée, s’occupe du volet de l’exportation, Anne veille à développer et à perfectionner l’expérience client. « On veut multiplier les expériences sur le site. Il y a la crèmerie, la boutique, le restaurant et l’économusée. On veut présenter un univers qui révèle le cassis sous toutes ses formes. Près de 50 % de notre clientèle est anglophone et vient de l’extérieur du Québec. C’est important de créer des nouveautés », souligne Anne, qui a grandi sur la terre.

De son côté, Catherine affirme avoir amorcé l’offensive pour le marché des exportations. « Je m’occupe de faire de la représentation hors du site. Et pour répondre à l’éventuelle demande croissante, on a acheté une terre supplémentaire en 2017 sur laquelle on a commencé à planter du cassis. […] J’ai une fille de 13 ans qui nous aide au service client à la crèmerie. Mais je ne voudrais pas lui imposer cette idée-là [de prendre la relève] », explique la mère de famille, qui a aussi un garçon de 10 ans.

Préretraite du père

Bien qu’il soit encore très passionné lorsqu’il parle du cassis, Bernard Monna entend prendre sa préretraite bientôt. Il aimerait en quelque sorte devenir le gardien de la terre et le mentor de ses deux filles. « Notre prochain défi sera de faire grandir l’entreprise tout en demeurant fidèles à nos valeurs et en conservant notre côté artisanal », mentionne M. Monna.

Ce n’est pas parce que les années s’égrènent sur le domaine de 16 hectares de Cassis Monna et Filles que les recettes restent figées. Même si les membres de la famille continuent de récolter les honneurs avec leur crème de cassis, ils souhaitent exploiter sous d’autres formes le petit fruit aussi appelé « gadelle noire », qui constitue le produit central de l’exploitation. 

Nouvelle aventure

Les sœurs Monna entreprennent une nouvelle aventure avec les spiritueux. Elles vont développer un gin au cassis, en partenariat avec le spécialiste Baptiste Gissinger. Les résidus des presses seront récupérés pour fabriquer ce produit qui devrait être lancé d’ici l’automne. Jusqu’à l’an dernier, il était interdit de faire la distillation sur place, mais la récente législation rend désormais les choses possibles. Et à moyen terme, l’entreprise souhaite aussi créer des produits de beauté conçus avec de l’extrait de cassis, reconnu pour ses propriétés antioxydantes. « Ce n’est pas le prochain volet, mais ça nous fait rêver », précise Anne Monna.

Véronique Demers, collaboration spéciale

https://soleno.com/