Actualités 27 juin 2019

Le point de vue des commerçants

Les prix élevés du foin constatés sur le marché ne laissent personne indifférent. Quelques commerçants ont livré à La Terre leur analyse de la dynamique des prix actuels.

André Rivard, de Semican

« Le prix du foin va continuer d’augmenter », prévoit André Rivard, exportateur de foin pour Semican. Ce dernier achète entre 3 000 et 4 000 tonnes de foin par année au Québec pour les vendre aux États-Unis, principalement à des éleveurs de chevaux.

Il remarque que certains producteurs profitent de la situation pour faire grimper les prix de manière irraisonnable, surtout pour du foin qui n’est pas de qualité. « Je peux envisager de payer une balle de foin 8 $ si elle pèse 80 lb, mais quelqu’un qui demande 8 $ pour une balle de 40 lb, c’est ridicule et ce n’est pas une bonne façon de faire des affaires », dit-il.

Le foin du Québec est très prisé aux États-Unis et les Américains peuvent accepter une hausse de prix justifiée par les piètres conditions climatiques, juge-t-il. « Sauf qu’il ne faut pas exagérer, car le prix du transport a aussi augmenté », mentionne le commerçant établi à Lévis.

Les frères Gouin

À Saint-Julien, en Chaudière-Appalaches, les frères Gouin cultivent et commercialisent plus de 600 tonnes de foin annuellement. La surenchère du prix du foin qu’ils constatent actuellement leur commande la prudence. « La demande est très forte et on pourrait vendre notre foin 350 $ la tonne [livré en petites balles]. Mais on ne le fait pas et on essaye plutôt de ne pas trop augmenter nos prix, car si on exagère, nos clients vont s’en souvenir et ils pourraient regarder ailleurs si la situation change », explique David Gouin, qui vend son foin à près de 250 $ la tonne (non livré).

Norfoin

Les gens qui demandent un prix élevé pour leur foin doivent au moins offrir de la qualité estime Audrey Mailloux, de la compagnie Norfoin, à Saint-Césaire, en Montérégie. « Plus le foin est vert, plus il vaut cher. Même chose pour le taux de protéines », indique-t-elle. À l’inverse, un agriculteur ne peut pas demander beaucoup pour du foin jauni à cause du soleil ou parce qu’il a chauffé, car à ce moment-là, il contient plus de poussière. Cela le rend moins intéressant pour les chevaux, notamment. Norfoin, un producteur et un revendeur de foin, fait analyser chaque lot qu’il achète. Le taux de protéines peut varier considérablement, mentionne Mme Mailloux, qui a déjà vu des taux aussi bas que 7 % et aussi hauts que 28 %. « On trouve un marché pour chaque type de foin, mais le prix qu’on paye est en conséquence », résume-t-elle.

Éco-Luzerne

L’entreprise Éco-Luzerne récolte près de 2 200 acres de luzerne au Lac-Saint-Jean. Le directeur Denis Riverin mentionne un retard d’une dizaine de jours, mais envisage d’excellents rendements pour la première coupe dans sa région. Même si les prix sont élevés, il croit que les agriculteurs locaux ne seront pas vendeurs; ils en profiteront pour faire des réserves. « Les granges sont vides. Ce sera une année de consolidation », prévoit-il. 

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