Actualités 9 juin 2019

Pneus ou chenilles : trouver chaussure à son pied

Le prix, la composition des sols et la quantité de grain à transporter… De nombreux facteurs influencent la façon de chausser un chariot à grain.

Selon l’actionnaire de Machineries Nordtrac, Alain Dugré, les chenilles sont environ 65 % plus chères que les pneus basse pression. Ce ne sont donc pas tous les producteurs qui se tournent vers cet équipement. Un tel investissement en vaut la chandelle pour les producteurs qui font du travail à forfait et dont les machines passent beaucoup d’heures au champ, puisque le retour sur investissement sera plus court.

« Ces producteurs ont aussi avantage à installer des chenilles, parce que beaucoup de leurs clients exigent que leurs chariots possèdent ce type d’équipement pour éviter d’arracher les récoltes et de compacter le sol », mentionne Alain Dugré. Un tel investissement peut également être avantageux pour ceux qui ont de gros volumes de grains à transporter, indique quant à lui le spécialiste de produits chez le Groupe Machinerie CH, Félicien Cardin. « Quand mes clients cherchent de gros modèles de chariots à grain de 1 200 boisseaux et plus, qui contiennent au moins 30 tonnes de grains, je leur conseille fortement des chenilles. Sans ça, la compaction serait trop importante », illustre-t-il. Par exemple, en fonction de la quantité de grain à transporter, le poids sera réparti sur la chenille dans une proportion d’environ dix livres par pied carré, calcule le spécialiste. « En comparaison, il y aura 2,5 fois plus de poids par pied carré sur un pneu basse pression », évalue-t-il.

Malgré le prix, qui peut être un facteur dissuasif, le représentant des ventes chez Nordtrac explique que les bienfaits des chenilles sur la compaction sont convaincants pour plusieurs producteurs. « J’ai un client qui en utilise depuis 15 ans, et ne lui parle pas de les lui enlever, raconte-t-il. Ça ne laisse aucune trace dans ses champs. »

Le spécialiste des ventes techniques chez Équipements Lambert, Antoine Lefebvre, croit qu’il est plus facile de tirer un chariot équipé de pneus basse pression, comme sur la photo ci-contre, qu’un chariot muni de chenilles. Photo : Perard
Le spécialiste des ventes techniques chez Équipements Lambert, Antoine Lefebvre, croit qu’il est plus facile de tirer un chariot équipé de pneus basse pression, comme sur la photo ci-contre, qu’un chariot muni de chenilles. Photo : Perard

Un bon compromis

Pour ceux qui ne sont pas prêts à délier les cordons de leur bourse, les pneus basse pression peuvent s’avérer une solution de rechange avantageuse par rapport aux pneus traditionnels. Assez performants côté compaction, ils sont beaucoup moins chers que les chenilles. C’est d’ailleurs le type d’équipement qu’a choisi le copropriétaire de la Ferme J.N. Beauchemin et fils, Ghislain Beauchemin. Selon lui, l’achat de chenilles n’est pas toujours justifié selon le type de sol.

« La grosse majorité du temps, les chenilles, ça flatte la terre et ça limite la compaction. Cependant, quand c’est plus mou que d’habitude et qu’elles rentrent dans le sol, on n’est plus capable de les ressortir! » lance le producteur, qui fait également du battage à forfait. De son point de vue, un bon drainage et une préparation adéquate des sols constituent bien souvent un meilleur investissement.

Même son de cloche du côté du spécialiste des ventes techniques chez Équipements Lambert, Antoine Lefebvre. « Les chenilles, c’est surtout pour des producteurs qui cultivent dans des conditions particulières, notamment sur des terres très humides. » Attention toutefois à la largeur des pneus basse pression, puisqu’ils ne sont pas tous autorisés sur les routes du Québec. 

Étienne Dupuis, collaboration spéciale.