Actualités 1 juin 2019

Des services écosystémiques mesurés par les racines

Les racines des plantes fourragères pérennes sont ramifiées et abondantes. Elles rendent ainsi de précieux services écosystémiques et contribuent à la santé des sols agricoles. Entre autres, le carbone issu des racines est fortement sujet à s’intégrer à la matière organique du sol, bien davantage que celui de la biomasse aérienne. Or, le développement racinaire des plantes fourragères pérennes a été peu étudié, et l’amélioration de nos connaissances permettrait une meilleure quantification des services écosystémiques rendus.

Ainsi, les racines d’une prairie semée d’un mélange de fléole des prés et de fétuque élevée, avec ou sans luzerne, ont été photographiées et mesurées directement au champ et à même le sol. Dans l’objectif de documenter la croissance et la sénescence racinaires, les mesures ont eu lieu presque chaque semaine durant deux saisons de production suivant l’établissement.

Petites et grosses racines

Le temps et la profondeur de sol ont influencé la vitesse de croissance des racines, leur architecture et leur morphologie. En effet, les plus grosses racines se sont établies rapidement et en profondeur dès le début de la première saison de façon à assurer le prélèvement de l’eau, l’ancrage de la plante et le stockage de réserves. Au fil de la saison, ce sont les racines plus fines et superficielles qui se sont installées, probablement pour fournir les parties aériennes en éléments nutritifs et assurer un fort regain à la suite des coupes de fourrage. En effet, les racines jeunes et fines servent principalement à l’absorption des éléments nutritifs.

Enfin, un renouvellement racinaire plus important en surface qu’en profondeur a été observé. Les conditions de sol en surface y ont certainement contribué : les éléments nutritifs y sont disponibles, la température est élevée et l’eau et l’oxygène sont présents. De surcroît, l’application des engrais en surface a pu bonifier ces conditions et stimuler simultanément la croissance et la sénescence racinaires.

En somme, bien que les racines fines et superficielles soient plus éphémères et décomposables, il semble qu’elles aient une activité plus importante que les racines profondes. Ces données permettront ultimement d’affiner le calcul de l’apport de carbone racinaire vers le sol des prairies, en tenant compte du renouvellement racinaire.

Stéphanie Houde, agronome et étudiante à la maîtrise au Département de phytologie de l’Université Laval et au Centre de recherche et développement de Québec d’Agriculture et Agroalimentaire Canada