Bio 19 juin 2019

Victoriaville frappe un grand coup

Le Cégep de Victoriaville a réussi, en deux ans à peine, à se distinguer comme un haut lieu de l’enseignement en agriculture au Québec avec la construction de l’Institut national d’agriculture biologique (INAB).

L’INAB impressionne par l’architecture moderne de son bâtiment neuf, mais surtout par les nombreux chercheurs de renom du milieu agricole qui y côtoient les étudiants. Selon ses dirigeants, l’INAB serait le plus grand centre de formation et de recherche en agriculture biologique au Canada. Outre les enseignants spécialisés en agriculture du Cégep de Victoriaville, l’INAB réunit les chercheurs du Centre d’expertise et de transfert en agriculture biologique et de proximité (CETAB+), de même que ceux du Centre d’innovation sociale en agriculture (CISA). Leurs découvertes sont transmises directement aux entreprises agricoles.

Une audace qui rapporte

Rappelons que las d’attendre le feu vert de la fonction publique, l’ancien directeur du cégep, Paul Thériault, avait lancé la construction de l’INAB sans l’autorisation du gouvernement québécois. « Nous avons pris une décision difficile [en construisant les fondations sans l’accord ni le financement de l’État], mais le plus grand risque était de ne pas nous développer et de laisser les étudiants aller ailleurs ou faire autre chose. Il faut de la vision », avait résumé avec audace M. Thériault, en entrevue à La Terre, avant que la maladie l’oblige à quitter ses fonctions. 

Le directeur actuel de l’INAB, Louis-Samuel Jacques, souligne pour sa part que l’institution connaît une progression fulgurante depuis son inauguration en 2018. « Il se passe vraiment de quoi à Victo! Nos inscriptions augmentent constamment, et côté recherche, nous avons maintenant plus de 70 personnes qui travaillent à temps plein au développement de systèmes d’agriculture durables et biologiques. Elles partagent leurs résultats avec 350 entreprises du Québec », témoigne M. Jacques, avant d’ajouter : « Chaque semaine, nous recevons la visite d’experts internationaux. On sent vraiment la fierté des gens qui sont à l’INAB; c’est très stimulant. »

Jacinthe Généreux, 37 ans, étudie en production maraîchère biologique afin de lancer son entreprise de fleurs coupées cultivées sous régie bio. « J’avais déjà un bagage d’affaires, alors je venais ici pour le contexte agronomique. Apprendre la phytoprotection et la réalité de la mise en marché en agriculture, ça confronte, ça nous apprend à nous découvrir. Mais avec ma formation, je me retrouve encore plus convaincue de [la faisabilité de] mon projet », explique-t-elle.
Jacinthe Généreux, 37 ans, étudie en production maraîchère biologique afin de lancer son entreprise de fleurs coupées cultivées sous régie bio. « J’avais déjà un bagage d’affaires, alors je venais ici pour le contexte agronomique. Apprendre la phytoprotection et la réalité de la mise en marché en agriculture, ça confronte, ça nous apprend à nous découvrir. Mais avec ma formation, je me retrouve encore plus convaincue de [la faisabilité de] mon projet », explique-t-elle.

Des équipements modernes

Les investissements de 20 M$ provenant du public et du privé ont permis d’acquérir une terre de 55 hectares et de construire l’INAB ainsi qu’une serre de 1 400 m2, dotée des dernières innovations technologiques. « Sur le plan pédagogique, la serre, c’est un outil formidable. Nous avons de l’équipement moderne. Ce n’est pas de l’agronomie au hasard; tout est mesuré et calculé avec précision », décrit le professeur Pierre-Antoine Gilbert. Les superficies extérieures sont cultivées de différentes façons : agroforesterie, grandes cultures, cultures maraîchères entièrement mécanisées et en planches, etc. « C’est comme si un élève œuvrait sur 40 fermes en un été », explique Ghislain Jutras, un enseignant spécialisé en horticole biologique.

L’INAB comprend également un parc de machinerie agricole valant 3 M$.

Le professeur Pierre-Antoine Gilbert est particulièrement fier des nouvelles installations, qui misent sur des serres dernier cri.
Le professeur Pierre-Antoine Gilbert est particulièrement fier des nouvelles installations, qui misent sur des serres dernier cri.

Déjà une phase 2 à Victo!

Photo : Martin Ménard / TCN
Photo : Martin Ménard / TCN

Inauguré il y a un an à peine, l’Institut national d’agriculture biologique (INAB) de Victoriaville entamera cet été la construction d’un bâtiment de 500 mètres carrés destiné à des élevages multiples, un investissement de 1,3 M$. Production porcine, ovine, caprine, de volailles et de veaux de grain; les élèves apprendront différentes techniques d’élevage. « Ça vient renforcer notre offre pour les agriculteurs qui veulent diversifier leur entreprise », dit l’enseignant Alain Beaulieu.

Les étudiants pourront également implanter leur propre projet d’élevage innovant. « On veut outiller les futurs producteurs pour qu’ils innovent dans l’élevage, mais l’aspect économique est important. On veut leur montrer comment structurer un élevage productif et rentable », renchérit le directeur de l’INAB, Louis-Samuel Jacques.

Le nouveau bâtiment sera conçu pour respecter les normes biologiques avec un accès au pâturage. Les premiers élevages ne seront toutefois pas certifiés biologiques, en raison de la difficulté d’acheter des animaux entièrement certifiés bio.

Les formations spécifiques en bio au Québec

Que ce soit au niveau collégial ou universitaire, l’offre de formations en agriculture biologique a augmenté au Québec. Voici les détails :

L’institut national d’agriculture biologique (INAB)

– Production légumière biologique;

– Production fruitière biologique.

L’Institut de technologie agroalimentaire (ITA), campus de La Pocatière

– Production laitière biologique;

– Production animale monogastrique biologique (porcin et avicole);

– Production animale polygastrique biologique (ovin, caprin et bovin);

– Une partie (700 heures de bio) de la formation en production horticole.

Université Laval

– Microprogramme de quatre cours en agriculture biologique.

Université McGill

– Huit cours en sciences agroenvironnementales qui couvrent des notions du bio.