Actualités 21 avril 2018

Résistance aux pesticides : Des leçons à tirer du système de détection français

Les producteurs agricoles québécois ont de quoi envier leurs compatriotes français en matière de suivi des résistances aux pesticides. Alors qu’ici, la détection des résistances se base sur un geste volontaire des producteurs, elle fait plutôt l’objet d’un suivi serré en France.

Voilà ce que retient Daniel Cormier, chercheur spécialisé en entomologie à l’Institut de recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA), du récent colloque sur la résistance aux pesticides mis sur pied par son organisation. Pour l’occasion, des chercheurs associés à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), basé en Europe, ont présenté comment le réseau R4P assure le suivi de résistances aux herbicides, insecticides et fongicides sur le territoire français.

En analysant d’année en année la progression de résistances chez différentes espèces, les chercheurs permettent aux producteurs d’avoir un coup d’avance sur leurs ennemis en cas d’émergence d’une résistance. « [S’ils] détectent qu’un insecte résistant prend de l’importance dans une région, [ils] n’ont qu’à arrêter d’utiliser le pesticide qui est en cause et utiliser une autre stratégie », explique M. Cormier.

Les chercheurs de l’INRA proposent aussi une nouvelle méthode de classification des pesticides. Au lieu de considérer séparément les herbicides, insecticides et fongicides, leur approche regroupe tous les produits dans un seul système divisé en 20 catégories. La raison? Certains pesticides agissent à la fois sur des plantes et des insectes, alors que d’autres nuisent par exemple aux champignons et aux plantes.

En adoptant cette méthode de classification, on s’assure d’éviter d’utiliser un produit qui encourage la propagation d’une résistance. « Si tu utilises un herbicide dans ta culture et qu’au même moment tu as des insectes résistants à ce mode d’action, ça favorise cette résistance », précise M. Cormier.

Un nouveau guichet unique au Québec

Au Québec, le Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP) agira désormais comme seul intermédiaire à qui transmettre gratuitement des échantillons suspects. Il collaborera ensuite avec le CÉROM (Centre de recherche sur les grains) pour traiter la demande. « Le CÉROM offre toujours les tests classiques pour déterminer si une plante est résistante ou non, alors que le LEDP utilise une quinzaine de tests moléculaires pour identifier exactement le type de mutation associé à une résistance », explique Sandra Flores-Mejia, chercheure spécialisée sur le sujet au CÉROM. Pour soumettre un échantillon suspect : bit.ly/2Yrt477