Alimentation 25 mars 2019

La microdistillerie québécoise « la plus innovante au monde »

SAINT-HYACINTHE — Jonathan Robin vient d’investir 7 M$ dans trois entreprises de transformation alimentaire, dont une microdistillerie dotée d’un alambic unique, capable de distiller l’alcool sous le point de congélation.

« Humblement, c’est la microdistillerie la plus innovante au monde. On a un réacteur en verre fabriqué sur mesure et un condensateur à l’azote liquide qui fonctionne à une température de -196 °C. Ça nous permet de créer des produits avec un profil aromatique incroyable », explique M. Robin, qui lance cette semaine ses premiers spiritueux conçus à Saint-Hyacinthe.

L’homme d’affaires est connu pour son implication dans l’importante compagnie de construction et de gestion immobilière de sa famille. La décision de quitter cette entreprise, et de se lancer dans l’agroalimentaire, lui offre maintenant un défi imposant. « C’est arrivé à plusieurs reprises que j’aie eu envie de tout abandonner. Il y a eu des semaines de 80 heures où on a fait des choses qui se sont avérées complètement inutiles. Juste l’alambic à froid, j’y ai investi 1 M$ et on a passé 10 grosses bonbonnes d’azote avant de réussir. Mais c’est dans l’inconfort qu’on grandit », confie-t-il.

Les atouts du froid

La distillation à froid a l’avantage de préserver les arômes sensibles à la chaleur qui se dégraderaient avec un alambic traditionnel fonctionnant à chaud. « Par exemple, pour une liqueur d’orange, on peut aller chercher 25 % plus de molécules aromatiques », explique le chimiste de l’entreprise, Carl Poisson. Ce dernier ajoute que le fonctionnement assisté par ordinateur de cet alambic évite les fluctuations de saveur.

La microdistillerie Noroi utilise son alambic à froid conjointement à ses alambics à chaud de plus grande capacité allant jusqu’à 5 000 litres. « En mariant l’avantage de la distillation à chaud et à froid, nous obtenons des produits d’exception qui nous distingueront sur les marchés canadien et international », prévoit M. Robin.

Après avoir brassé de grosses affaires dans le milieu immobilier, Jonathan Robin a changé de carrière pour brasser de la bière. « L’agroalimentaire m’attire; je crée quelque chose qui n’existait pas. » Crédit photo : Martin Ménard/TCN
Après avoir brassé de grosses affaires dans le milieu immobilier, Jonathan Robin a changé de carrière pour brasser de la bière. « L’agroalimentaire m’attire; je crée quelque chose qui n’existait pas. » Crédit photo : Martin Ménard/TCN

Produits en chantier

Le lancement de trois premiers produits, dont un gin costaud avec une teinte d’agrumes, sera suivi de la mise en marché d’une nouvelle vodka fabriquée à partir de grains cultivés exclusivement dans un rayon de 20 km de la microdistillerie. Une eau-de-vie à base de sirop d’érable local est également prévue.

Partager les installations et le talent

La distillerie Noroi partage les locaux de sa microbrasserie en activité depuis quelques mois. Elle brasse des bières de spécialité et une bière déglutenisée, la Olten, destinée à des ventes à gros volume. Jonathan Robin a l’ambition de concurrencer les géants comme Molson avec cette bière. Sa conjointe Linda Grenon confectionne du kombucha, un thé fermenté, dans les mêmes installations, partageant l’expertise du chimiste, du maître brasseur, etc. « Son kombucha mise sur des ingrédients de qualité qui augmentent son coût de production. Mais grâce aux économies occasionnées par le partage d’expertise et d’équipements, elle a un prix compétitif », souligne M. Robin.

L’entreprise de Saint-Hyacinthe a rapidement connu du succès avec son Fixi Kombucha. « On est en discussion avec un distributeur de l’Ontario. Il nous a demandé : “Combien de caisses de kombucha pouvez-vous faire?” Nous avons répondu : “Combien en veux-tu?’’ », relate Jonathan Robin. Crédit photo : Martin Ménard/TCN
L’entreprise de Saint-Hyacinthe a rapidement connu du succès avec son Fixi Kombucha. « On est en discussion avec un distributeur de l’Ontario. Il nous a demandé : “Combien de caisses de kombucha pouvez-vous faire?” Nous avons répondu : “Combien en veux-tu?’’ », relate Jonathan Robin. Crédit photo : Martin Ménard/TCN