Politique 12 février 2019

André Lamontagne de nouveau sous les projecteurs

L’utilisation du terme « ayatollah » pour désigner certains employés du ministère de l’Environnement a placé à nouveau le ministre de l’Agriculture, André Lamontagne, sous les feux de la rampe après le congrès de l’Union paysanne samedi dernier, mais une écoute attentive de son discours en intégralité remet les choses en perspective.

Lors de son discours filmé par La Vie agricole, le ministre fait notamment allusion aux problèmes soulevés à de nombreuses reprises par les petits producteurs quand il est question de normes environnementales. Il explique avoir sensibilisé le ministre de l’Environnement, Benoît Charrette, à cet enjeu. « Je lui ai dit : “Il va falloir qu’on s’assoie, qu’on trouve le moyen de sensibiliser les gens chez vous”, et je peux vous dire que là-dedans il y a quelques ayatollahs, on s’entend là-dessus, pour voir comment on peut accommoder les agriculteurs. L’idée, c’est qu’on puisse faire de la place pour que demain, ça soit plus facilitant qu’aujourd’hui », a mentionné M. Lamontagne aux membres de l’Union paysanne.

Depuis, le ministre est sous les projecteurs dans de nombreux médias pour avoir utilisé le mot « ayatollah ». Selon Le Petit Robert, le terme désigne « le représentant conservateur [d’une tendance] ».

En entrevue à Radio-Canada le 12 février, le président de l’Union paysanne Maxime Laplante a dit aller dans le même sens que le ministre. « Il faudrait que les normes environnementales ne soient non pas abolies ou limitées, mais qu’elles soient adaptées et c’est dans ce contexte que la discussion a démarré. Je pense qu’il y a des bouts plus ou moins bien interprétés par la suite », a-t-il dit au micro d’Alain Gravel.

Cet incident survient moins d’une semaine après le mea culpa du ministre concernant Louis Robert, cet agronome du ministère de l’Agriculture congédié pour avoir dénoncé un manquement déontologique dans la recherche sur les pesticides.

La vision du ministre

Une des premières choses accomplies par l’équipe du ministre lors de son arrivée en poste a été de se renseigner sur le monde agricole et ses différents courants de pensée, a-t-il souligné au congrès de l’Union paysanne samedi.

« Le premier devoir que j’ai fait [comme ministre], c’est de lire le rapport Pronovost. Ensuite, j’ai lu le livre de [Dominic Lamontagne, La ferme impossible]. Après ça, j’ai écouté La ferme et son État, de Marc Séguin, puis à travers tout ça, il y a tout de suite une vision qui a émergé de ce que je voulais faire comme ministre de l’Agriculture », a mentionné André Lamontagne avant d’ajouter, plus tard, que le rapport Pronovost était son « étoile du nord ».

Le ministre ne remettra cependant pas en cause le monopole syndical de l’Union des producteurs agricoles. « La recommandation 47, ça ne fait pas partie de mes affaires », a-t-il indiqué aux membres de l’Union paysanne.

Il a également dit que bon nombre d’employés du ministère avaient lu l’œuvre de Dominic Lamontagne. Certains ont aussi été « libérés » pendant 2 h 30 pour visionner le documentaire de Marc Séguin.

Depuis deux semaines, le ministre refuse les nombreuses demandes d’entrevues de La Terre. Il a aussi refusé de répondre aux questions du journal par écrit.