Économie 15 février 2019

Flou de 16 M$ autour de l’assurance récolte foin

Si Québec et Ottawa arrivaient à s’entendre, une somme supplémentaire de 16 M$ pourrait être versée aux producteurs affectés par la sécheresse de l’été 2018. La Financière agricole du Québec (FADQ) et le ministère de l’Agriculture estiment qu’une erreur s’est glissée dans la méthodologie d’estimation des pertes de son programme d’assurance récolte foin, mais le fédéral n’autorise pas les modifications. Par conséquent, les producteurs n’ont pas accès à cette indemnisation de 16 M$. 

Pluie

En souscrivant au programme d’assurance récolte pour les cultures fourragères, les producteurs sont assurés selon le nombre de coupes qu’ils effectueront pendant l’été : une, deux ou trois. Les indemnités payables sont basées sur des modèles de prévision de croissance des plantes. « Une pluie abondante dans les trois derniers jours de la séquence ne corrige pas le tir par rapport à la plante qui a manqué d’eau [durant toute la période] », indique le 1er  vice-président de l’Union des producteurs agricoles, Martin Caron. À la différence que cette année, ce sont aux 6e, 7e et 8e jours avant la fin de la période que d’importantes précipitations ont été enregistrées. À la ferme, l’indemnisation reçue par le producteur n’est donc pas représentative de la réalité. 

« La Financière a estimé, et ce sont ses chiffres, que [c’est] à partir de la 10e journée avant la fin [qu’il] faudrait pondérer la méthodologie », poursuit M. Caron. Or, étant donné que le gouvernement fédéral paye une partie de l’assurance récolte, son aval est nécessaire pour effectuer la modification. 

Interpellée par La Terre sur le sujet, la Financière n’a pas souhaité commenter le dossier. Le cabinet du ministre MacAulay indique, pour sa part, poursuivre les discussions sur cet enjeu avec le gouvernement du Québec. 

Cependant, le ministre de l’Agriculture du Québec, André Lamontagne, a rencontré son homologue fédéral le 16 janvier dernier, mettant de l’avant cet enjeu, confirme-t-on à La Terre. « Notre gouvernement continue de faire pression sur le gouvernement fédéral afin qu’il règle ce dossier. Pour le moment, les discussions se poursuivent », a indiqué l’attachée de presse du ministre Lamontagne.  

Du foin à quel prix au printemps?

En cette mi-février, le foin ne manque pas dans les fermes du Bas-Saint-Laurent, du Saguenay–Lac-Saint-Jean et de l’Abitibi-Témiscamingue, les trois principales régions affectées par la sécheresse de l’été 2018. Les bureaux de coordination mis sur pied conjointement par le ministère de l’Agriculture et les fédérations régionales pour pallier la crise du foin ne sont plus en activité dans les régions affectées. 

Cependant, les stocks baissent rapidement, indiquent les trois présidents de ces fédérations. L’hiver est froid et les animaux peuvent manger jusqu’à deux fois plus qu’à l’habitude dans ces conditions. « Les producteurs regardent où ils en sont rendus dans leurs réserves et ils [auront] besoin d’acheter du foin au printemps », a indiqué Gilbert Marquis, président de la Fédération de l’UPA du Bas-Saint-Laurent. La période printanière sera donc caractérisée par une hausse de la demande et par conséquent, on prévoit une augmentation significative du prix du foin, qui est déjà de 20 à 25 % plus élevé qu’à l’habitude.