À coeur ouvert 6 février 2019

Il y a ceux qui nous quittent et ceux qui restent

Julie me raconte le décès de son père par suicide. Il était un agriculteur reconnu pour son franc-parler et sa bonne humeur. Cinq ans plus tard, elle a encore mal, ressent encore de la peine et de l’impuissance. Elle aurait aimé voir venir le geste, elle aurait voulu le prévenir. En cette semaine nationale de prévention du suicide, nous nous attardons à ceux qui restent, les survivants, les personnes endeuillées.

Julie a consulté peu de temps après le décès de son père. Au début, elle rêvait à lui, le voyait partout autour d’elle. « Tout me rappelait sa présence. Je sentais son odeur, j’entendais son rire. Le plus dur, c’est de réaliser qu’il allait manquer les événements importants de ma vie. » Tout doucement, Julie a surmonté sa peine. Avec le temps, elle a appris à garder en mémoire les beaux moments passés avec son père. « Maintenant, je me dis qu’il est toujours avec nous », ajoute la jeune femme.

Lorsqu’un proche s’enlève la vie, il est difficile de savoir où se tourner pour obtenir du soutien. Bien souvent, on ignore même quelle aide aller chercher. Vivre ce deuil bien particulier prendra du temps. Réussir à en parler contribuera grandement à se libérer l’esprit, mais surtout à gérer cette culpabilité qui peut nous habiter. « On sait qu’il n’est plus là, mais il faut le réaliser et l’accepter. Il y a aussi la culpabilité que j’ai dû m’enlever de la tête. Je me sentais responsable de sa mort et de n’avoir pas pu l’aider », mentionne Julie d’un ton calme. Ses larmes nous rappellent la fragilité de la vie. Le départ de son père est marquant dans son parcours. Il y a l’avant et l’après cette mort. 

Quelques cas de suicide d’agriculteurs ont fait les manchettes au cours des dernières années. C’est encore malheureusement d’actualité dans ce métier. Pour la famille et les proches du défunt, la peine sera intense. Ils auront à faire preuve de beaucoup de courage et de résilience. Le deuil se fera petit à petit, mais il faudra prendre le temps de le vivre et se donner des outils pour le traverser.

Les personnes qui doivent surmonter un deuil par suicide ont besoin de recevoir du réconfort et d’être accueillies dans leur incompréhension. Elles ont besoin de soutien et d’une écoute sans jugement. Il existe différentes ressources pour les épauler lors de cette éprouvante période. Les centres de prévention de suicide (CPS) et les centres d’écoute et de prévention du suicide (CEPS) des différentes régions du Québec peuvent accompagner les personnes endeuillées dans leur cheminement. Ils offrent des rencontres individuelles pour les aider à y voir plus clair. De plus, les CPS et CEPS proposent des groupes de soutien avec d’autres gens qui traversent cette terrible épreuve. Ensemble, ils peuvent échanger, s’épauler et s’entraider. En outre, une ligne d’écoute est disponible. Des intervenants et des bénévoles des CPS et des CEPS sont là pour entendre les gammes de sentiments, de la colère à la tristesse.

Les travailleuses de rang de l’organisme Au cœur des familles agricoles (ACFA) peuvent également offrir du soutien à ceux qui restent. Certains se tourneront vers un psychologue ou un thérapeute.

Peu importe l’aide choisie, il ne faut pas demeurer seul dans ce tourbillon d’émotions. Appelez un ami, un intervenant, un travailleur social, une travailleuse de rang, mais surtout, trouvez du réconfort. Parlez-en!

Au coeur des familles agricoles : 450 768-6995
Centres d’écoute et de prévention du suicide : 1 866 277-3553