Politique 4 février 2019

Le ministre Lamontagne admet son erreur

Le ministre de l’Agriculture, André Lamontagne, reconnaît avoir fait une erreur en prétendant qu’il avait personnellement autorisé le congédiement de Louis Robert, précisant qu’il s’agissait plutôt d’une décision administrative où il n’était intervenu « d’aucune façon ».

Le ministre a demandé à la protectrice du citoyen de faire enquête sur le licenciement très médiatisé de l’agronome, accusé d’avoir manqué de loyauté en dénonçant dans les médias l’ingérence du privé dans la recherche publique au Centre de recherche sur les grains (CÉROM). En conférence de presse, le 4 février, le ministre Lamontagne a également mentionné qu’il n’hésiterait pas à tirer la « plogue » du CÉROM si les fonds publics n’étaient pas utilisés à bon escient.

Faire toute la lumière

L’affaire Louis Robert, qui a éclaté le 30 janvier, a plongé le ministre dans l’embarras lorsqu’il a déclaré en mêlée de presse avoir « personnellement autorisé » le licenciement de l’agronome. Devant les journalistes ce matin, il a vaguement répondu aux questions concernant les motifs de la mise à pied de ce dernier. Il a affirmé n’être pour rien dans cette décision et que le processus de congédiement a été mené par des experts du ministère du Travail, accompagnés de ceux du secrétariat du Conseil du trésor et de ceux du ministère de la Justice.

Le rapport d’enquête qu’il vient de commander à la protectrice du citoyen analysera si la dénonciation de Louis Robert voulant que les chercheurs du CÉROM aient été influencés par le privé a été traitée adéquatement par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ). De plus, le rapport devra évaluer si les droits de l’agronome ont été respectés et si son congédiement ne constitue pas un acte de représailles.

Louis Robert ne sera pas réintégré, pour l’instant, à son poste au MAPAQ. Il a toutefois reçu un appui de taille ce matin, soit celui de la Coalition des syndicats de la fonction publique du Québec qui regroupe 73 000 employés.

« Je tire la plogue »

Le ministre Lamontagne a été catégorique : si rien n’est fait concernant l’indépendance scientifique et la gouvernance du CÉROM, ce dernier perdra le financement du MAPAQ. Il n’hésitera pas à « tirer la plogue », a-t-il mentionné en conférence de presse.

Le CÉROM est présentement évalué sous trois angles, à savoir si les fonds publics sont bien investis, si les chercheurs jouissent d’une complète indépendance scientifique et si la gouvernance de l’organisme se fait selon les règles de l’art. « S’il y a d’autres critères qui font en sorte qu’à un moment donné on estime que l’argent des Québécois n’est pas utilisé à bon escient par cet organisme-là, on prendra les décisions qu’on a à prendre », a indiqué le ministre.

Cependant, à la lumière des informations qu’il possède, il souligne qu’aujourd’hui, « beaucoup de choses sont faites dans le sens d’une gouvernance digne de ce nom, d’une indépendance scientifique et d’une façon de travailler adéquate ».

Selon le ministre, depuis deux ans, le MAPAQ tient des rencontres trimestrielles avec les têtes dirigeantes des organismes subventionnés, tel le CÉROM, et les contrats sont renouvelés sur une base annuelle. Rappelons que des industriels et des producteurs siègent au conseil d’administration du CÉROM.

Le MAPAQ est actuellement à établir des exigences qu’il soumettra au CÉROM dans les prochaines semaines.