Actualités 22 janvier 2019

Transformer le fumier pour « faire du foin »

Que diriez-vous de ne plus avoir à payer de paille, de ripe ou de tourbe pour la litière, tout en augmentant la production de lait par tête et en gagnant environ 30 % de capacité de stockage de la fosse? C’est ce que permet le système de séparation du fumier Xtra Press pour des troupeaux allant jusqu’à 400 vaches.

Comme l’explique Alain Houle, gérant de territoire chez Valmetal US Farm Systems, le fumier excrété par les bovins laitiers contient une partie solide et une fraction liquide. On peut récupérer la portion de fibres non digérées, la séparer et la transformer en litière par un procédé peu ­coûteux.

Les copropriétaires de la Ferme des Trois Maisons de Sainte-Louise, Michel et Marc-Antoine Gagnon, qui utilisent l’équipement depuis 2015, l’ont bien compris. Comme la trentaine d’exploitations laitières québécoises qui possèdent également cette technologie, ils en tirent de nombreux avantages, financiers notamment. 

Une recette simple

La vache se nourrit de végétaux qui sont composés essentiellement de cellulose, une matière difficile à assimiler par les mammifères. Cette portion alimentaire peu digestible se retrouve dans ses déjections. Une vache rejette quotidiennement environ 66 litres (17,5 gallons) de fumier contenant en moyenne un pied cube de fibres.

Le processus de recyclage se déroule en six étapes. Le fumier (excréments, urine, litière souillée et eau de lavage) est d’abord collecté dans une préfosse. Une pompe agitatrice brasse ensuite les « ingrédients » dans le but d’homogénéiser le mélange. Par la suite, l’effluent passe à travers un séparateur mécanique et la portion liquide retourne dans la préfosse. En moins de 24 heures, on obtient de la litière fraîche prête à entreposer ou à épandre dans l’aire d’habitation.

Le processus de recyclage  se déroule en six étapes.  Le fumier (excréments, urine, litière souillée et eau de lavage) est d’abord collecté dans une préfosse. Une pompe agitatrice brasse ensuite les « ingrédients » dans le but d’homogénéiser le mélange. Par la suite, l’effluent passe à travers un séparateur mécanique et la portion liquide retourne dans la préfosse. En moins de 24 heures, on obtient de la litière fraîche prête à entreposer ou à épandre dans l’aire d’habitation.
Le processus de recyclage se déroule en six étapes. Le fumier (excréments, urine, litière souillée et eau de lavage) est d’abord collecté dans une préfosse. Une pompe agitatrice brasse ensuite les « ingrédients » dans le but d’homogénéiser le mélange. Par la suite, l’effluent passe à travers un séparateur mécanique et la portion liquide retourne dans la préfosse. En moins de 24 heures, on obtient de la litière fraîche prête à entreposer ou à épandre dans l’aire d’habitation.

Une litière verte

Ce matériel fibreux constitue un matelas moelleux et douillet pour l’animal. Comme son coût est relativement bas, on en dépose une bonne quantité (parfois jusqu’à un pied d’épaisseur). Les ruminants sont confortablement installés sur ce lit soyeux où ils adorent « faire la sieste », parfois plus de deux heures par jour. « La litière récupérée, estime Marc-Antoine Gagnon, est plus absorbante que la sciure de bois. De plus, elle est plus facile à manipuler et ne dégage pas d’odeur de fumier ou autre; on peut reconnaître les fibres partiellement digérées de l’animal. »

« On n’a plus besoin d’acheter ou de cultiver des fourrages pour cet usage; le système produit une litière de substitut de haute qualité, se réjouit le producteur. On élimine ainsi le hache-paille et le transport des balles. C’est une dépense en moins et l’avoine que je cultive, je peux la vendre. »

Plus de confort = plus de lait

Cette soi-disant « paresse » entraîne pourtant une production supplémentaire de lait (parfois au-delà de 10 %). De plus, sur le plan sanitaire, les gains sont appréciables. La réduction des cellules somatiques (CCS), microorganismes conduisant à des problèmes de mammites, est significative. 

« Avec la diminution de la quantité de CCS, qui est passée de 300 000 à 100 000, poursuit Marc-Antoine Gagnon, on se retrouve avec moins de produits à acheter pour combattre la mammite. »

De plus, cette approche réduit les frais de vétérinaire puisque le nombre de bovins malades diminue. Autre constatation : les sabots et même la queue sont toujours au sec et plus propres.

« Les vaches sont “scrap” moins vite et demeurent plus longtemps en meilleure condition physique, ajoute M. Gagnon. Si tu fais une lactation de plus, c’est de l’argent de plus dans tes poches. Après la deuxième, la troisième, c’est là que tu commences à faire de l’argent avec tes animaux. Je vais chercher des primes que je n’allais pas chercher avant. »

Par ailleurs, il constate que le fumier est plus riche qu’auparavant et que les insectes sont moins présents. « On étend un peu moins de fumier parce qu’il y a moins de “stock” à épandre, mais il est plus riche, se réjouit Michel Gagnon. Aussi, dans la montée de nettoyeur, la chaîne de l’écureur ne gèle plus en hiver, tout simplement parce qu’il n’y en a plus. »

Le fumier excrété par le bovin laitier contient une partie solide et une fraction liquide.  On peut récupérer la portion de fibres non digérées, la séparer et la transformer en litière  par un procédé peu coûteux.
Le fumier excrété par le bovin laitier contient une partie solide et une fraction liquide.
On peut récupérer la portion de fibres non digérées, la séparer et la transformer en litière
par un procédé peu coûteux.

Un système amélioré

Mis en marché en 2014 et maintenant vendu avec une vis sans fin de 12 po (au lieu de 9 po), l’équipement est constamment amélioré par le manufacturier. Ainsi, afin de réduire de moitié le temps de séjour du mélange dans le séparateur, on y a ajouté en option un vibrateur monté sur grilles permettant d’obtenir, avec un brassage complémentaire, un taux plus élevé de matière sèche.

« La vibration améliore la séparation en maintenant le matériau en mouvement et en décomposant les solides séparés en particules plus petites, explique le représentant de Valmetal. Cette grille d’essorage favorise l’assèchement supplémentaire tout en s’attaquant aux solides difficiles à séparer. »

Gestion du lisier intelligente

Au Canada, la manutention et le stockage du fumier à la ferme représentent une activité fort importante et constituent plus du quart des émissions de gaz à effet de serre dans le secteur de la production laitière. Le procédé consistant à séparer les déjections de bovins et à fabriquer une litière s’inscrit dans un contexte d’économie circulaire et permet notamment de réduire de façon significative les émissions de méthane associées à la partie liquide des déchets laitiers.

« Avec la récupération du fumier, on donne une valeur ajoutée à une ressource qui, en même temps, revient comme “intrant” à la ferme, conclut Alain Houle. En tenant compte de tous ces facteurs, on peut très bien imaginer le retour sur investissement que ce système procure. »  

Roger Riendeau, journaliste