Bio 20 décembre 2018

Des marges surprenantes dans le grain bio

Les marges nettes des cultures de maïs-grain, de soya, de blé et d’avoine sous régie biologique sont bien supérieures à celles des mêmes cultures sous régie conventionnelle, concluent les données du Centre d’études sur les coûts de production en agriculture (CECPA). Un champ de 100 ha de maïs-grain peut même générer une marge supplémentaire dépassant 180 000 $!

Des marges surprenantes

L’économiste Michel Morin du CECPA a exposé à La Terre les grandes lignes d’une étude qui sera diffusée en janvier prochain. Les résultats provenant de 28 fermes de diverses régions du Québec l’ont lui-même étonné. « L’ampleur de la différence entre les marges [sous régie] biologique et conventionnelle m’a surpris. Quand on voit ces résultats, on ne peut que conclure que ces grandes cultures, c’est très intéressant », analyse-t-il.

Les données ont été collectées en 2015 et en 2016 dans des exploitations cultivant en moyenne 240 ha sous régie biologique. Elles révèlent notamment que la production de maïs-grain biologique dégage des marges nettes moyennes de 1 872 $/ha, comparativement à 58 $/ha en régie conventionnelle. En extrapolant ces données, un agriculteur qui choisit le bio ferait ainsi 181 400 $ de profit supplémentaire avec un seul champ de 100 ha! Même constat dans le soya où la marge sous régie biologique atteint 1 095 $/ha contre 407 $/ha dans le conventionnel. Les marges des cultures de blé et d’avoine bio sont également supérieures.

Risqué

La culture du maïs-grain sous régie biologique se révèle lucrative, mais demeure plus risquée, nuance Michel Morin. Il fait état de rendements variant entre 2,5 et 10 t/ha dans le maïs biologique pour une moyenne de 8 t/ha. « Dans le bio, tu as moins de moyens pour contrôler les mauvaises herbes et si le producteur manque ses fenêtres d’intervention ou s’il ne maîtrise pas bien les techniques de désherbage, sa récolte de maïs peut être peu rentable », indique-t-il.

Plus faibles en région périphérique

L’étude indique également que les exploitations biologiques établies en région périphérique génèrent des marges totales à l’hectare plus faibles comparativement à celles situées plus au sud. Les plus grandes superficies en foin expliqueraient cette différence. Michel Morin ajoute que ces fermes d’élevage n’ont parfois pas les mêmes objectifs de rendements que les entreprises spécialisées en production de grains.

Pourquoi hésiter alors?

Les chiffres de cette étude montrent que la culture de grains est plus payante en régie biologique que conventionnelle. Pourquoi une majorité de producteurs demeurent-ils encore en conventionnel? « Le bio, c’est plus de travail au champ. Ça [nécessite] plus de connaissances agronomiques et d’heures de gestion. Ce n’est pas tous les producteurs qui veulent accroître leur travail de la sorte pour faire plus d’argent », mentionne Michel Morin. Le désherbage mécanique et les trois années de transition pour être en mesure d’obtenir la certification biologique en freinent également plusieurs.