MONTRÉAL — Mécontents des récentes concessions à la gestion de l’offre dans l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM), les producteurs de lait de la province se sont rendus au centre-ville de Montréal, en tracteur, pour rappeler au premier ministre Trudeau son engagement de les indemniser.

Justin Trudeau était à Montréal le 7 décembre dernier dans le cadre de la rencontre des premiers ministres provinciaux. Le matin même, un convoi de quatre tracteurs quittait les bureaux de l’Union des producteurs agricoles (UPA) à Longueuil et traversait le pont Jacques-Cartier pour se rendre devant l’hôtel Marriott Château Champlain, où le premier ministre se trouvait en compagnie de ses homologues des provinces. Une trentaine d’éleveurs s’étaient aussi déplacés pour envoyer un message clair. « Les producteurs doivent être dédommagés de façon juste et équitable, comme l’ont promis M. Trudeau et Mme Freeland, a résumé le président de l’UPA, Marcel Groleau. Il y a de l’incertitude et les producteurs retardent des investissements. Ils ne savent pas sur quel pied danser. »

Dans l’ensemble, les trois dernières ententes de libre-échange, soit l’Accord économique et commercial global (AECG), le Partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP) et l’ACEUM concèdent l’équivalent de 8,4 % du marché laitier canadien. Ces pertes de ventes représentent 450 M$ par année, soit 41 000 $ par ferme, estiment les Producteurs de lait du Québec (PLQ).

Ces pertes n’incluent pas les impacts économiques du nouveau droit de regard accordé aux Américains par l’ACEUM sur la politique laitière canadienne, a précisé le président des PLQ, Bruno Letendre. « On n’avait jamais vu ça dans les concessions [des accords précédents] », a-t-il souligné. Pour le dirigeant, les trois derniers traités commerciaux ont été signés sur le dos des producteurs de lait. « Les trois fois, le gouvernement fédéral a promis d’indemniser les producteurs et, jusqu’ici, il n’a jamais respecté ses engagements », a-t-il critiqué. Son homologue des Producteurs laitiers du Canada (PLC), Pierre Lampron, a lui aussi dénoncé les « mensonges » d’Ottawa soulevés par Bruno Letendre deux jours plus tôt dans le cadre du Congrès de l’UPA. « Ce sont des jours sombres. À chaque entente, nous avons fait confiance au gouvernement », a dit M. Lampron.

À Québec de jouer

Les éleveurs avaient également un message pour le premier ministre François Legault. « Nous demandons au gouvernement du Québec d’exercer tous les recours politiques et légaux à sa disposition pour s’assurer que les mesures annoncées par le fédéral sont à la hauteur des attentes des producteurs, et nous demandons à M. Legault de porter ce message au premier ministre Trudeau lors de la rencontre », a indiqué Bruno Letendre.

Le fédéral a annoncé récemment la création de nouveaux groupes de travail « afin de soutenir pleinement et équitablement les producteurs et les transformateurs pour les aider à s’adapter à l’ACEUM et au PTPGP ». Une première rencontre est prévue le 14 décembre.